À la suite du Brexit du 23 juin, le quotidien Gândul a créé un site internet pour favoriser l’intégration des Britanniques en Roumanie afin de les réintégrer à l’Union européenne. À la capitale Bucarest, les Roumains voient le Royaume-Uni autrement, d’après un reportage publié dans le Guardian, le 20 mars 2016.
Bucarest a changé. Les édifices datant du 19e siècle ont été rénovés, des taxis Uber conduits par des chauffeurs qui parlent anglais sont disponibles et certains résidents suivent la mode « hipster », sans parler du fameux sandwich « pulled pork » qui figure au menu des restaurants. Pourtant, de l’autre côté du continent, les préjugés à l’égard de la culture roumaine demeurent.
L’hebdomadaire The Observer a conduit un sondage auprès de la population britannique leur demandant quel est le dernier, ou le pire, pays d’Europe dans lequel ils voudraient vivre. La Roumanie a été désignée par 25 % des répondants. En tant que nation, les Britanniques croient que les Roumains sont « agressifs » et « paresseux ». À peine 1 % d’entre eux se sont rendus dans ce pays au courant des cinq dernières années. Les Britanniques croient à 58 % que la Roumanie fait partie des cinq nations qui ont le plus envoyé de ressortissants au Royaume-Uni. En fait, il y a environ 100 000 Roumains au Royaume-Uni, comparé à environ 700 000 Polonais, par exemple.
Le Guardian a interviewé le rédacteur en chef du magazine roumain Decât o Revistă, Cristian Lupşa. Il déplore la couverture par la chaîne télévisée Channel 4 de l’autorisation, en janvier 2015, pour les travailleurs roumains à venir travailler au Royaume-Uni. « « Les Roumains s’en viennent » le titre était vraiment alarmiste », affirme-t-il en décrivant les stéréotypes: « ils ont suivi un homme vraiment pauvre qui a neuf enfants, et qui ne parle pas anglais, venu au Royaume-Uni pour essayer de trouver du travail ». Cette couverture a provoqué des protestations devant l’ambassade britannique de Bucarest.
La plupart des gens au Royaume-Uni ne comprennent pas la différence entre les Roms, les Gitans, les Roumains et les citoyens de la Roumanie, d’après M. Lupşa. Plusieurs Roms sont Roumains étant donné que le pays abrite la population la plus importante en Europe. « Une de mes plus grandes peurs est que le sentiment anti-Rom en Europe aujourd’hui soit le miroir de ce qui est survenu dans les années 1930 (…) les propos discriminatoires tenus par l’United Kingdom Independance Party ( UKIP ) ou le Front national ( FN ) en France ne sont pas uniquement en cause, il y a aussi les propos tenus par les publications grand public », poursuit-il.
Avec évidence, l’idée que les Roumains aiment l’Europe ne va que renforcer l’idée qu’ils vivent grassement sur le bras des autres, pour certaines personnes, demande la journaliste du Guardian. « C’est parce qu’on n’a jamais expliqué clairement que les 20 millions de consommateurs roumains est une bonne chose pour les firmes britanniques », répond le rédacteur en chef de Decât o Revistă.
Les Roumains qui ont enfin l’occasion de devenir prospères avec l’autorisation de travailler au Royaume-Uni à partir de janvier 2015 ont suivi l’évolution du Brexit. Pour un pays qui a passé 50 ans « en dehors » de l’Europe, c’est-à-dire sous un régime communiste, ce retrait est ridicule, d’après M. Lupşa.
« Au Royaume-Uni, les discussions s’arrêtent aux porte-feuilles et aux urnes », a affirmé le diplomate roumain Andrei Tarnea. Les questions simples semblent plus importantes ici, confirme la journaliste du Guardian.