À la suite du Brexit, 72, 12 % de la population du Royaume-Uni ont voté à 51,9 % pour la sortie de leur pays de l’Union européenne (UE) le 23 juin, les représentants d’Allemagne, de France, d’Italie, de Belgique, de Hollande et du Luxembourg se sont prononcés sur cette décision de retrait, rapporte le quotidien espagnol El Pais le 25 juin.
À la Villa Borsig, propriété située au nord de Berlin du ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, les représentants des six pays fondateurs de l’UE ont répondu au gouvernement britannique, qui a adhéré à l’« Europe » il y a 43 ans, avec un double message. « Qu’ils ne vont pas jouer au chat et à la souris », selon les termes employés par le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn, d’une part. Puis, qu’ils reconnaissent la nécessité de réformer l’UE en offrant plus de commodités aux membres qui veulent une intégration plus lente.
Cette Europe « flexible » proposée par les ministres présents existe déjà en pratique, tenant compte du fait que ce ne sont pas tous les pays membres qui participent aux affaires importantes comme la monnaie unique ou l’espace Schengen. « Nous devons reconnaître différents niveaux d’ambition entre les États membres par rapport à leur degré d’intégration. Nous devons trouver des voies plus appropriées pour affronter ces différences », stipule le communiqué signé par les six pays.
Au « niveau d’ambition » et au « degré d’intégration », s’ajoute l’exemple de la Grèce. Dans son éditorial publié dans Le Monde diplomatique de juin 2016, Serge Halimi rappelle les sanctions que l’UE a imposées à la Grèce : vote d’une loi budgétaire de 7000 pages, trois hausses massives de la taxe sur la valeur ajoutée ( TVA ), la privatisation d’aéroports à des prix bradés, le report à 67 ans de l’âge de la retraite, l’augmentation des cotisations maladie, la fin des protections accordées aux petits propriétaires incapables de payer leurs emprunts, etc.
N’empêche que les autorités de Berlin et la Commission européenne se sont montrées indulgentes autant envers le Royaume-Uni de l’ex-premier ministre David Cameron qu’envers l’Espagne du président Mariano Rajoy, dont le déficit budgétaire dépasse la limite autorisée par les traités, poursuit M. Halimi. L’éditorialiste souligne du même coup que le président espagnol appartient à la même famille politique que la chancelière allemande, Angela Merkel.
À la Villa Borsig, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault souhaite tourner la page sur le Brexit : « Nous voulons respecter la décision du peuple. Il s’agit d’une question de cohérence ». Les ministres européens veulent accélérer au maximum le processus pour éviter que les populistes « europhobes » profitent de la crise ouverte, poursuit-il.
Austérité
Lors de cette rencontre des six pays fondateurs, laissant à l’écart les 21 autres pays membres de l’UE, la posture du gouvernement allemand laissait entrevoir quelques failles, d’après El Pais. La chancelière allemande, Angela Merkel a opté pour la prudence, c’est-à-dire de bien analyser la situation avant de faire un faux pas. Par contre, le vice-chancelier et chef social-démocrate Sigmar Gabriel a désigné l’austérité comme responsable du fiasco britannique.
M. Gabriel a énoncé une forme d’affront envers sa chef, Mme Merkel, dans le cadre de son propre gouvernement. « Les jeunes Européens ne vont pas trouver un emploi dans un climat d’austérité. J’espère qu’après ce qui est arrivé, le gouvernement allemand va débattre de comment employer nos investissements pour améliorer, avec les autres en Europe, la situation du peuple », a-t-il affirmé. Le chef social-démocrate doit faire face à la pression exercée sur son parti en prévision d’un résultat catastrophique aux prochaines élections, l’année prochaine, précise El Pais.
« Les institutions européennes (…) ont été conçues comme des zones hors démocratie », a affirmé l’ancien ministre grec de l’Économie Yanis Varoufakis au sujet du Brexit, d’après Le Monde diplomatique de juin 2016.