L’élection à 39.08 %, soit 7 356 votes, de l’historien Guðni Thorlacius Jóhannesson le 25 juin met un terme aux 20 ans de présidence d’Ólafur Ragnar Grímsson. Le webzine Reykjavik Grapevine a interviewé les candidats le 18 juin, voici l’entrevue avec le président élu.
L’Islande a-t-elle besoin d’un président?
Le président de l’Islande est le chef de l’État. Nous avons toujours besoin de quelqu’un pour occuper la fonction. C’est vrai, le président de l’Althing ( Parlement de l’Islande ) peut faire ça, mais les Islandais semblent penser que nous avons besoin de quelqu’un à l’extérieur du domaine politique pour prendre des décisions à la tête de l’État. De plus, le président peut jouer un rôle important dans le processus politique, dans la formation du gouvernement par exemple, ce qui peut être une tâche compliquée en Islande. Finalement, le président peut et doit agir en tant que symbole d’unité, en nous encourageant à devenir ce que nous sommes en tant que nation, ce qui nous lie ensemble, et comment nous pouvons et devons améliorer notre société.
Êtes-vous anxieux par rapport à la conciliation travail / famille?
Non. Au contraire, je suis convaincu que si je suis élu, nous les Islandais allons montrer au monde que nous avons créé une société familiale et amicale forte, ici, où tout le monde a la possibilité d’exceller au travail, tout en ayant la possibilité de passer assez de temps avec ses enfants et sa famille.
Supportez-vous un nouvel amendement constitutionnel qui mettrait un terme à la durée du mandat présidentiel ?
Je ne suis pas contre ça. Je pense qu’aucun président ne devrait rester à Bessastaðir ( équivalent de la Maison-Blanche ) plus de trois mandats.
Supportez-vous le projet de nouvelle Constitution pour l’Islande?
La décision revient au peuple islandais, pas au président. Si les électeurs veulent une nouvelle Constitution, ils n’ont qu’à voter pour ceux qui sont en faveur aux élections parlementaires. L’Althing peut changer la Constitution, pas le président. Cela dit, je suis en faveur de certains changements dans la Constitution, en particulier par rapport à la démocratie directe, la protection environnementale et aux mesures de protection des ressources naturelles. De plus, en tant qu’historien, j’ai probablement écrit plus que quiconque sur le fait évident que ceux qui ont écrit la Constitution de l’Islande au début des années 1940 ont manqué de spécifier qu’on devait la revoir de fond en comble le plus vite possible.
Vous voyez-vous devenir un « représentant de la nation » ou un « chef actif »?
Le président se positionne en dehors et au-dessus de tous les groupes et partis politiques. En ce sens, il ou elle doit être apolitique. Je serai actif en politique en cas de besoin, dans le processus de formation du gouvernement et le refus de signer des lois par exemple, et en laissant les électeurs avoir le dernier mot dans un référendum. Je devrais aussi utiliser l’influence indirecte et les pouvoirs de la présidence pour assurer que toutes les opinions et les voix sont entendues sur des problèmes politiques variés.
Croyez-vous en la responsabilité de l’humain dans le réchauffement climatique?
Oui. Je crois aux preuves des experts et des scientifiques.
Supportez-vous la séparation de l’Église et de l’État, comme 71 % des Islandais l’ont affirmé dans le dernier sondage?
Les électeurs et le Parlement devront décider. Pour ma part, je ne suis pas membre de l’Église d’État en Islande, et en tant que président je ne voudrais pas travailler contre ou pour la séparation de l’Église et de l’État.
Nommez trois aspects que vous voulez mettre de l’avant qu’aucun des autres candidats ne mettrait de l’avant, à la présidence.
Chacun d’entre nous a des forces et des faiblesses. Lors de ma campagne, j’ai mis l’emphase sur mon message et ma vision de la fonction. En tant qu’historien, je veux mettre de l’avant une connaissance solide de la fonction et de son histoire. Pour quelqu’un qui n’a jamais pris part à aucun parti politique, je voudrais apporter un sens objectif et impartial au domaine de la politique. Et comme ma femme Eliza provient du Canada, je voudrais bien faire comprendre les défis et les difficultés auxquels les étrangers doivent faire face lorsqu’ils immigrent en Islande, déterminés à s’y installer et à contribuer à la société.
Les candidats à la présidence de l’Islande provenaient d’horizons variés : une écrivaine et poète, une entrepreneure et conférencière, une infirmière et cofondatrice d’un organisme de charité pour les enfants, un camionneur professionnel, une ethnologue, un entrepreneur et activiste pour la paix, un écrivain, ainsi qu’un historien.