Le géant automobile européen Volkswagen a précisé jeudi son plan de bataille pour l’avenir après ses errements concernant les moteurs diesel, un projet qui comprend notamment une offensive dans l’électrique, écrit l’Agence France-Presse.
Durement frappé par la révélation en septembre du trucage de 11 millions de véhicules diesel, le groupe allemand aux douze marques (Volkswagen, Audi, Porsche Seat, Skoda, etc) a revu de fond en comble sa stratégie.
Le dieselgate a été « un catalyseur », a expliqué jeudi le patron du groupe Matthias Müller, appelé en urgence à l’automne aux commandes de l’entreprise. Même si depuis l’éclatement du scandale, les ventes se sont maintenues à flots, l’image de Volkswagen est ternie et ses ambitions de domination du marché automobile mondial ont pris un coup.
Exit donc la « stratégie 2018 » du prédécesseur de M. Müller, Martin Winterkorn. À Wolfsburg, (nord), siège de Volkswagen, M. Müller a présenté le plan de bataille pour 2025, « coup d’envoi du processus de transformation le plus important de l’histoire de Volkswagen ».
« La taille n’est pas un objectif en soi », a souligné M. Müller. Sous M. Winterkorn, Volkswagen a vu son chiffre d’affaires enfler à plus de 200 milliards d’euros. Le groupe emploie près de 600 000 personnes.
Mais plutôt que de vendre toujours plus de véhicules, le mastodonte allemand veut maintenant répondre à l’évolution des attentes. Un changement qui passe par un investissement conséquent dans l’électrique, domaine dans lequel le deuxième constructeur mondial est encore en retrait.
D’ici 2025, Volkswagen veut commercialiser plus de 30 véhicules tout électriques, soit 2 à 3 millions d’unités par an ou jusqu’à 25% de ses ventes totales, a dit M. Müller. Le groupe réfléchit à prendre une part active à la fabrication des batteries utilisées par ces véhicules, pour l’instant surtout produites en Asie.
Le fabricant de la Coccinnelle veut par ailleurs développer une voiture autonome d’ici la fin de la décennie.
Trouver l’argent
Autre axe de développement: la mise sur pied d’une division consacrée aux services à la mobilité. Son récent investissement de 300 millions de dollars dans l’israélien Gett, concurrent d’Uber, donne un avant-goût des efforts de Volkswagen pour devenir un « fournisseur de mobilité ».
Ces nouveaux services, qu’il s’agisse d’autopartage ou de réservation de taxis, représenteront un marché de « 35 milliards d’euros en 2025, et nous voulons en profiter », a expliqué le patron. Le groupe estime pouvoir générer dans ce domaine un chiffre d’affaires « en milliards d’euros » d’ici 2025.
Tous ces projets vont coûter cher. Or, Volkswagen a mis de côté environ 16 milliards d’euros en 2015 pour faire face aux conséquences du scandale du diesel, et d’autres milliards seront peut-être encore nécessaires.
La métamorphose s’accompagnera donc d’une série de mesures, pas encore détaillées, pour raboter les coûts.
L’entreprise promet une amélioration de sa rentabilité, avec une marge opérationnelle de 7 à 8% contre 6% en 2015. Selon les analystes de DZ Bank, cela implique 8 milliards d’euros de bénéfice – ou d’économies – supplémentaires par an.
Pour y parvenir, M. Müller a évoqué quelques projets, comme celui de mutualiser les 26 usines de composants de ses différentes marques, accusées par les experts de ne pas être assez rentables.
Le groupe va également regrouper ses différentes marques de bus et camions (MAN, Scania et Volkswagen Utilitaires) en un seul pôle, « Volkswagen Truck & Bus », dans le but d’en faire « un champion mondial », rôle qui revient actuellement au rival allemand Daimler.
Des pistes telles qu’une réduction du nombre de modèles ou une simplification de son système de plateformes communes à différentes marques sont également évoquées.
Mais de nombreuses autres mesures ne seront dévoilées que « dans les prochains mois », alors que certains journaux évoquent déjà de probables cessions. M. Müller s’est contenté d’évoquer une possible « optimisation de portefeuille ».
À la Bourse de Francfort, la nouvelle stratégie de Volkswagen a été mal accueillie. Le titre a lâché 2,16% à 117,55 euros sur la séance, dans un marché en repli de 0,59%. Les analystes regrettaient l’absence de détails sur la réduction des coûts.