Dans une ville sans nom du Québec, David vit une existence morne et déprimante. Marié à une femme qui ne l’aime plus, coincé dans un boulot assommant mais essentiel pour joindre les deux bouts, il attend, stoïque, que quelque chose se passe.
Ainsi vont les Premières neiges, un film de Michael Rowe entre autres présenté dans le cadre de la 44e édition du Festival du nouveau cinéma, à Montréal. Le long-métrage, mettant en vedette Paul Doucet et Suzanne Clément, est désormais disponible en DVD.
La première chose qui frappe, dans l’oeuvre de Rowe, est étrangement l’écran de sélection de la langue du film. Le choix par défaut est la langue de Shakespeare, ce qui porte à croire que les acteurs ont eu recours à du doublage. En fait, c’est plutôt avec la piste sonore française que le doublage semble avoir eu lieu.
La raison de la confusion est fort simple: le personnage de Suzanne Clément, d’origine russe, ne parle qu’anglais dans le film, n’ayant jamais appris le français – ce qui attise d’ailleurs la frustration au sein du couple. Par contre, tous les autres personnages, y compris David lorsqu’il ne discute pas avec son épouse, s’expriment dans la langue de Molière. La solution consiste donc à écouter le film en langue « anglaise », quitte à ajouter des sous-titres. Et se trouver quelque peu bête.
Outre cet imbroglio linguistique, Premières neiges est une oeuvre contemplative. L’univers d’un homme qui se délite lentement, alors que celui-ci voit son mariage mourir à petit feu, entre deux moments déchirants où il se retrouve, en temps que concierge de nuit dans un CHSLD, à assister au décès des malades laissés à eux-mêmes.
Ce qui empoisonne aussi cette relation de couple battant de l’aile, ce sont les soupçons d’infidélité de part et d’autre. Maya, la femme de David, l’a trompé il y a 10 ans, et celui-ci ne lui a jamais pardonné. David, de son côté, gagnerait à sortir de cette vie toxique, mais l’homme s’accroche désespérément, rongé par la culpabilité d’un accident provoqué à la suite de cette révélation, il y a une décennie.
Il faudra un certain temps avant que le film réussisse à véritablement installer son « ambiance », la lenteur des développements étant hâtivement considérée, à tort, comme un témoin de la pauvreté du scénario. Premières neiges est-il un grand film? Sans doute pas. Mais il s’agit certainement d’un film à hauteur d’homme, un film sur le courage qui manque lorsque vient le temps d’agir – que ce soit pour un bien ou pour un mal. Un film touchant, aussi, porté par deux excellents acteurs et une kyrielle de personnages de soutien venant colorer ce drame aux accents de flocons endormant lentement l’immensité québécoise.