La culture artificielle de la célébrité, du matérialisme et de l’avarice a créé Donald Trump, d’après Jim Lewis de The Intercept. Alors que pour les résidents de la ville de Johnstown en Pennsylvanie, Donald Trump est un homme franc qui va redonner la gloire d’antan à leur ville, d’après un reportage de Rafael Mathus Ruiz de La Nacion.
À Chicago, en mai l’an dernier, les touristes s’arrêtaient sur le pont DuSable pour observer la nouvelle tour Trump qui étire sa surface de verre sur plusieurs étages. Une voix interrompait le spectacle. Assis contre la structure moderne d’acier, un itinérant de race noire faisait la manche en étendant sa jambe dont la peau se fend en une plaie rose et boursoufflée. Cette scène esquissait une injustice flagrante, mais l’indifférence des passants, du mendiant et du propriétaire de la tour la transformait en une caricature de l’Amérique.
L’immobilier est à Manhattan ce que le pétrole est au Texas, c’est-à-dire une commodité nuisible et déstabilisante, ainsi qu’une excuse universelle pour presque tous les comportements déplacés, écrit Jim Lewis. Alors, Donald Trump qui a bâti sa fortune dans l’immobilier n’était pas d’allégeance libérale, même s’il a passé sa vie entouré de libéraux en faveur du Parti démocrate. Le candidat républicain n’est pas apparu frais et disposé à la présidence des États-Unis du jour au lendemain.
Les magazines Time, Esquire et Spy ont publié des articles sur son entreprise et la station de télévision NBC a mis sa propre émission en ondes. Ce paysage médiatique qui l’a soutenu depuis une trentaine d’années correspond davantage à la culture et à l’économie libérale qu’à l’orientation des médias qui appuient le Parti républicain. Pourtant, ce sont les libéraux qui l’injurient pendant la course à l’investiture et qui critiquent son succès.
À l’évidence, Donald Trump est un homme affreux et vantard, un clown riche qui s’amuse avec les médias pour faire la promotion de sa personne. Il s’agit de l’essence de l’éternel arnaqueur, trop désagréable et vulgaire pour être considéré comme respectable, mais trop couronné de succès pour être ignoré, poursuit Jim Lewis.
Sauveur
La candidature de Donald Trump est devenue un sujet d’intérêt dans un paysage dominé par la rouille, les rues désertes et les problèmes de toxicomanie de la ville de Johnstown. « Nous sommes tannés que les choses continuent de se passer de cette façon. Trump n’est pas un politicien traditionnel et le Parti républicain le déteste. Ça pourrait bien être ce que nous avons de besoin, quelqu’un de l’extérieur », a affirmé le résident M. Dennis à La Nacion.
L’industrie de l’acier nord-américaine a perdu cinq millions d’emplois depuis le début du XXIe siècle au profit du Mexique et de la Chine, d’après La Nacion. Les délocalisations d’entreprises ont aggravé le problème démographique de la « Rust belt » constituée de grandes villes comme Cleveland, Détroit, Buffalo et Pittsburgh. Presque la moitié de la population a déserté la région entre 1970 et 2006.
Certains résidents gardent une fierté d’avoir forgé l’acier de l’édifice Empire State de New York, les vannes du canal de Panama et l’arsenal de la deuxième guerre mondiale parmi les 20 184 personnes qui vivent à Johnstown aujourd’hui. « Beaucoup de gens veulent que l’âge d’or des années 1960 et 1970 revienne », a expliqué le maire M. Janakovic à La Nacion. Ainsi, les résidents ont voté à 65,5 % pour Donald Trump lors des primaires présidentielles, l’un des meilleurs résultats pour le candidat.
Icône
Il s’agit d’un homme « pseudo-événement », soutient Mark Danner du New York Review of Books du 26 mai. Il est fait de l’attention des gens qui lisent à propos de lui, qui aiment le voir à la télévision, qui achètent des enregistrements de sa voix et qui parlent de lui à leurs amis. Son lien avec la moralité, et même avec la réalité, est vraiment ambigu.
À l’instar du teint bronzé de John F. Kennedy lors du premier débat télévisé en couleur, Donald Trump a compris que l’image a un impact considérable sur l’électorat. Le « Mr. Trump » de l’émission The Apprentice, avec la chanson thème « Money money money mon-ey… », a attiré 20, 7 millions de spectateurs en 2004.
Avant même d’avoir la chance de monter sur scène pour débattre avec « Mr. Trump », les sénateurs des États de la Floride, du Kentucky et du Texas, le gouverneur de l’État de l’Ohio, les ex-gouverneurs de l’Arkansas et de la Floride, l’ex-CEO de la multinationale Hewlett Packard (HP) ne faisaient pas le poids contre le candidat qui avait déjà attiré 24 millions de spectateurs à un événement télévisé au mois d’août.
Le New York Times, le Washington Post et le Boston Globe ont publié An Open Letter from Donald J. Trump on Why America Should Stop Paying to Defend Countries That Can Afford to Defend Themselves au mois de septembre en 1987, à lire.