Mathilde Perallat
François vit avec Mathilde, ils s’aiment et pourtant ça ne se passe pas bien entre eux. Manifestement Mathilde voudrait que François change. Elle lui demande d’être ce qu’il n’est pas et surtout ce qu’il n’a jamais été, pas même quand ils se sont rencontrés.
François est parti et a rencontré Esther. Esther elle, s’accommode mieux de la vie nonchalante de François, qui ne travaille pas, et aime rencontrer des filles.
Esther accepte, car en fin de compte, c’est toujours elle qu’il choisit…
Adaptation libre du film La maman et la putain de Jean Eustache (1973), Nos serments est du théâtre dans la veine de ce cinéma français bien particulier, celui qui a commencé avec la nouvelle vague, a suivi avec Philippe Garrel et qu’on voit encore chez Desplechin. Cinéma d’états d’âme, lent et dont l’intérêt majeur plus que l’axe dramaturgique est l’acteur, l’évolution psychologique du personnage et ses mots. Sorte de déambulation dans le cœur humain, cet amoureux transi, nonchalant.
Julie Duclos, toute jeune metteuse en scène, met en scène cinq comédiens dans plusieurs formes de rapports amoureux. Des formes et des états changeants. Des recherches et des accommodements, bien symptomatiques de la société des jeunes trentenaires en quête de toujours plus de liberté. De plus de sensations. De plus tout court. « S’occuper, aujourd’hui c’est la grande affaire » dit Gilles le meilleur ami de François, l’idéaliste un peu blasé et cynique.
Entre utopies de l’amour et désirs de liberté, quel contrat régit aujourd’hui les relations amoureuses? À quel niveau se place l’engagement que l’on fait à l’être aimé? Qu’est-ce qu’aimer dans la société d’aujourd’hui? L’Homme est-il capable d’aimer l’autre tel qu’il est sans chercher à la changer? Autant de questions mises sur la table par ses cinq personnages « pas méchants » mais peut-être un brin égoïstes.
Au fil de discussions et de situations cocasses, intimes ou douloureuses, les jeunes comédiens – fraîchement issus de cette génération – offrent une performance magnifique, d’un naturel et d’une justesse désarmants. L’alternance de scènes de plateau et de séquences filmées permet des ellipses temporelles qui sont aussi de jolies promenades dans Paris. Accompagnées d’une voix de femme en off, elles ne sont pas sans rappeler les films de Truffaut.
Pas de réponses, pas de morale. Juste les éternels questionnements qui nous hantent et nous font vivre. Une belle dissection du sentiment humain sur l’amour.
Du 31 mai au 2 juin
au Centre du théâtre d’Aujourd’hui
Dans le cadre du FTA