Parler d’aide médicale à mourir signifie de mettre en place des mécanismes pour s’éteindre de la manière la plus « agréable » possible, souvent chez soi et accompagné par sa famille. Mais qu’arrive-t-il si on ajoute le don d’organe, qui suppose un hôpital adapté et potentiellement éloigné de la résidence?
C’est la question au cœur du dernier rapport de la Commission de l’éthique en science et en technologie (CEST), qui organisait à ce sujet une table ronde cette semaine dans le cadre du congrès de l’Acfas. C’était d’ailleurs la troisième fois depuis 2001 que la CEST se penchait sur les dons d’organes.
Le problème vient du fait que les organes doivent être prélevés immédiatement après le décès, ce qui laisse peu de place pour le recueillement des proches. Le sociologue Jacques T. Godbout, coauteur du rapport, y voit pourtant une opportunité: « Faire un don c’est la volonté de donner une valeur positive à la perte de quelque chose ; ici, faire le don de ses organes c’est donner un sens à sa mort ».
S’adapter pour mieux accompagner
La loi québécoise sur les soins en fin de vie est entrée en vigueur le 10 décembre 2015. Le rapport insiste sur la nécessité de former des équipes capables de conseiller les patients en fin de vie et de les accompagner tout au long du processus. Une priorité, pour la néphrologue Marie Josée Clermont. Les institutions hospitalières doivent donc s’adapter et fournir des conditions optimales pour que les deux démarches soient réalisées aux mieux tout en respectant l’autonomie du patient.
Informer sur le don est une autre question soulevée. La quatrième des cinq recommandations du rapport conseille d’informer de la possibilité du don d’organes toute personne réclamant une aide à mourir — et qui serait apte à donner. Certains craignent que le patient puisse ressentir une pression pour faire le don. C’est pourquoi la deuxième recommandation insiste sur la nécessité de traiter séparément les deux demandes, avec deux équipes, avec toujours l’aide à mourir en priorité.
Reste qu’aborder la question du don serait plus aisé si la personne était déjà au courant de cette possibilité, c’est pourquoi les membres de la commission encouragent à une information globale du public. Indiquer sur son permis ou dans des directives anticipées son désir de faire don de ses organes constituerait déjà le moyen le plus simple d’éviter toute ambiguïté.