Vous savez, cette ville maya perdue qu’un adolescent québécois aurait « découverte » grâce aux constellations? Elle n’était pas vraiment perdue. En fait, ce n’est pas vraiment une ville.
Et les étoiles, alors? À en croire ceux qui ont repris cette nouvelle depuis samedi, les Mayas auraient construit leurs villes en fonction des constellations. Or, on ne sait pas vraiment ce qu’étaient les constellations des Mayas. Autrement dit, les 22 constellations que le jeune homme aurait reliées entre elles pour déduire la position de cette « cité » constituent une hypothèse, mais pas la seule.
L’archéologie nous apprend aussi que ces villes ont été érigées à des époques différentes: l’ensemble de la civilisation maya couvre plus de 3000 ans. Il faudrait donc conclure, si cette nouvelle était exacte, que les Mayas — dont le territoire couvrait une partie du sud du Mexique actuel et de l’Amérique centrale — se seraient dotés d’un genre de mégaplan d’urbanisme: avant même d’occuper le territoire, ils auraient planifié la construction de plus de 110 futures villes, des siècles à l’avance, en fonction des constellations.
La question de l’échelle est également importante : pour prendre une carte du ciel et la superposer sur une carte terrestre, il faut jouer avec l’échelle des deux images — le ciel étant, à n’en pas douter, plus large que l’Amérique centrale. Plus on joue avec l’échelle, plus il y a d’étoiles sur notre carte, plus les chances que cela coïncide avec ce qu’on veut voir sont élevées.
La solution de l’énigme pourrait être beaucoup plus simple. Selon l’anthropologue David Stuart, du Centre d’études méso-américaines à l’université du Texas, Susan Milbrath, du Musée d’histoire naturelle de Floride ou l’archéologue français Eric Taladoire, le territoire Maya était très densément peuplé à son apogée. Peu importe où vous regardez sur une carte, vous avez des chances de trouver un site archéologique.
Pour l’anthropologue californien Thomas Garrison, le rectangle visible sur l’une des photos satellites serait un champ de maïs abandonné. Une autre tache serait un lac asséché ou une clairière dans la forêt.