Bien qu’on l’ait cruellement mésestimé, il est certainement difficile de faire suite à un long-métrage aussi charmant et original que le brillant Seeking a Friend for the End of the World. Il est donc dommage de voir Lorene Scafaria revenir avec un film cruellement conventionnel, amputé de toute originalité, mais, néanmoins, habité d’un charme à l’image de sa séduisante distribution.
Plus près d’un Nicole Holofcener et tous ses équivalents que d’autre chose, on traite du rapport mère-fille, du deuil et, bien sûr, du rapport à l’argent. Alors qu’à l’image de sa protagoniste, la cinéaste semble être aux prises avec trop de moyens lui permettant de s’éparpiller injustement et, aussi, d’éparpiller injustement ses possibilités.
Ainsi, Marnie s’ennuie. Elle vit désormais à Los Angeles, près de sa fille qui ne veut rien savoir. Elle est d’un confort enviable suite à une mystérieuse pension de son défunt mari italien. Et elle ne peut pas supporter la solitude. Elle s’invente alors une vie d’entraide digne d’Amélie Poulain, utilisant ses nombreux moyens pour faire le bien partout autour d’elle en changeant petit à petit les choses.
Les anicroches sont rares et on embarque plus ou moins dans l’expérience puisque Susan Surandon a tout le charme nécessaire pour nous rappeler cette adorable mamie que tout le monde aimerait côtoyer, même si parfois elle en fait un peu trop. Bien sûr, on regrette que l’immense distribution autour ne soit pas utilisée avec plus d’attention. Rose Byrne, un choix logique et cohérent suite à Keira Knightley, est sympathique dans cette névrosée en pleine dépression et J.K. Simmons apporte une chaleur considérable dans chacune de ses apparitions, mais que des noms humoristiques aussi prestigieux que Casey Wilson, Lucy Punch, Cecily Strong et Sarah Baker soient utilisés pour finalement pas grand-chose, c’est presque offensant. Au moins, dans l’effort précédent de la cinéaste, on pouvait compter sur des personnages secondaires aussi marquants que le charme de ses protagonistes.
Ici, on se contente d’observer le long-métrage en espérant qu’un quelque chose d’inattendu vienne chambouler l’ensemble. Malheureusement, même un passage sous l’influence de drogue n’a pas l’effet escompté malgré le sourire qu’il esquisse au visage.
Néanmoins, le film sait qu’il n’y a rien de plus réparateur qu’un bon rire et, pendant un instant, alors que cette scène moins hilarante que la situation où le fou rire des deux interprètes réunies, semble tout réparer, on a en tant que spectateur, également l’impression de vouloir lui pardonner toutes ses maladresses. Bien sûr, on ne le fera pas autant on ne pourra jamais vraiment trouver toutes les étincelles qu’on souhaiterait, mais disons que cela restera écoutable, sympathique et léger. Pour faire passer le temps et distiller notre réflexion sur des préoccupations qu’on assimilera certainement au quotidien.
Rien de bien grandiose certes ni même de particulièrement touchant, mais une réflexion importante sur ce qui se produit quand on a trop de moyens et qu’on ne sait pas quoi en faire. Que ce soit pour ceux devant ou derrière la caméra. Au moins, la morale est simple: tant qu’il y a des heureux, tout va bien. Ce sera au moins cela de gagner considérant ce sourire qui nous charme le visage à plus d’une reprise, pour les autres, on essaiera de ne pas trop y penser.
6/10
The Meddler prend l’affiche ce vendredi 13 mai.