Incompréhensiblement renommé Tous dans le sud au Québec, cette suite du succès surprise Babysitting n’était certainement pas souhaitée et en offre bien peu pour l’intelligence du cinéphile, ce qui est dommage.
Peut-être que les Québécois ont voulu faire leurs Français inversés en renommant un titre anglophone en langue de Molière puisque de leur côté, les Français s’amusent délibérément à jouer aux Américains. Toutefois, alors qu’on s’amusait ici et là dans le premier opus et qu’on était souvent foudroyé par la technique qui s’identifiait bien aux standards hollywoodiens, on ne trouve ici que bien peu de ce qui finissait par former le charme maladroit du premier film.
On retrouve alors malgré nous cette bande que même les gars de la télésérie Les Invincibles trouveraient innocente qui pousse encore plus loin son désir d’être un espèce de « The Hangover français » en se payant le luxe du Brésil. S’en suit alors une volonté de tout refaire, mais en plus gros, en plus de maltraiter les morales pour une leçon d’écologie à deux sous et une réflexion sur les différences d’âge en se concentrant ici non pas sur la jeunesse comme dans le premier volet, mais à la vieillesse. Autant dire que ces deux tentatives sont parmi les plus ratés d’un film qui accumule paresseusement et plutôt bêtement les faux pas.
On pointera aussi l’absence de mise en scène qui ne sait aucunement quoi faire de sa GOPro, de ses plans aériens ou même de ses références au found footage, se sentant obligé de ramener le concept comme il avait formé la clé du premier film. 10 Cloverfield Lane a compris comment faire une suite dérivée intelligente, alors qu’ici on n’est même pas capable de refaire correctement ce qui fonctionnait presque précédemment. Les multiples références culturelles et les répliques paresseuses du type « Oh non ça recommence » s’avèrent encore plus loin que des consolations à la paresse généralisée.
Et dans son imbécilité qui repousse les limites de la bêtise humaine, on inclut un paresseux accessoire et peut-être plus divertissant que tout le film, qui se fait de son côté voler la vedette par des tortues qui semble à l’image de notre désir de fuite : ils avancent, mais pas assez rapidement pour y échapper.
On se ramasse alors avec des blagues de pénis, des quiproquos, Christian Clavier qui nous rejoue Christian Clavier, une représentation offensante d’une tribu fictive et un resort brésilien plus français que la France. Comme quoi on pourrait bien vous décrire le synopsis, mais disons que celui-ci n’est qu’un prétexte aux pertes de temps, même s’il aime se faire croire qu’il pose des questions importantes comme sur la peur de l’engagement.
Ainsi, on avait déjà oublié que le protagoniste était bédéiste et on a que faire du destin de ses potes qui se retrouvent tous au resort du père de sa petite amie qui doit recevoir à tout moment un prix pour la qualité de l’endroit soi-disant respectueuse de la faune et la flore.
Du coup, au-delà de sa misogynie qui s’ajoute à l’ensemble, le film refait les pas d’un film qu’on avait apprécié aussi rapidement qu’on l’avait oublié. Ce nouvel opus ne réussit pas vraiment cet exploit en se contentant d’être seulement oubliable, difficilement regardable. En plus, le transfert d’image sur le DVD est de piètre qualité, contrairement au rendement du premier film également distribué par TVA Films, et il n’y a aucun blooper pour se consoler.
4/10
Tous dans le sud (Babysitting 2) est disponible en DVD depuis le mardi 3 mai dernier.