Laurence Cardin
Les 6 et 7 mai dernier, on assistait à la première collaboration entre l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) et Danse danse, avec l’oeuvre Anatomie d’un souffle, présentée dans la grandiose Maison symphonique.
Si l’OSM multiplie les alliances avec diverses formes d’art et collaborateurs, la rencontre avec le diffuseur Danse danse n’avait encore jamais eu lieu, bien que toute indiquée. C’est dans le cadre de la série orgue et Hommage à John Rea de la SMCQ que cette dernière s’est finalement concrétisée. La compagnie Le Carré des lombes et la chorégraphe Danièle Desnoyers ont été invitées par l’OSM à créer une œuvre unique. Il s’agissait là d’une première invitation de l’OSM lancée à une chorégraphe en danse contemporaine.
Anatomie d’un souffle est une suite de 11 tableaux pour 7 danseurs, auxquels s’ajoute un chœur de 10 étudiants danseurs provenant de l’École de danse contemporaine de Montréal, du département de danse de l’UQAM et de celui de l’Université Concordia. Les 17 danseurs y partagent la scène avec Jean-Willy Kunz, organiste en résidence de l’OSM. Pour habiter la Maison symphonique, la chorégraphe a voulu construire des tableaux chorégraphiques autour des relations et la rencontre avec les structures musicales afin de créer un dialogue, dialogue qui s’avère malheureusement dans ce cas-ci quelquefois dissonant. Certes l’orgue est un choix d’instrument permettant aux danseurs d’occuper l’espace scénique laissé vacant, mais il est aussi un instrument plus grand que nature, occupant un espace sonore prenant et instaurant une ambiance sacrée auxquels la chorégraphie n’a pas toujours su s’allier ou répondre.
Le premier tableau laissait présager un mariage réussi, alors que Jean-Willy Kunz s’exécutait sur le grand orgue Pierre-Béique, les danseurs, eux, s’emparaient de la scène tout en douceur dans une lente introduction inspirée par Pina Bausch. La tension imposée par l’orgue était palpable dans le corps des danseurs qui sont demeurés habités par l’instrument puissant qu’est l’orgue. Dans cette amorce, le dialogue était jusqu’alors harmonieux, grandiose même, faisant résonner à merveille le répertoire baroque et la symbolique sacrée de l’instrument. Puis, les courts tableaux se sont enchaînés, l’organiste a pris place sur la scène et la chorégraphie a quant à elle poursuivi en empruntant toutes sortes d’avenues. La chorégraphie fut ensuite truffée de clichés, d’humour, et satyre, s’alliait de moins en moins avec le répertoire musical et présentant le tout avec des subtilités chorégraphiques un peu trop poussées pour cet auditoire moins enclin à en saisir la complexité et les nuances. La conversation fluide avec l’orgue s’est rompue. La présence et l’agilité de l’organiste à l’avant-scène, dansant avec mains et pieds sur l’instrument étaient toutefois captivantes soulignant la grande maîtrise du musicien.
Espérons que l’OSM renouvellera l’invitation lancée à Danse danse et que cette dernière sera dans la cadre d’une série au répertoire plus contemporain, qui permettrait surement une rencontre plus heureuse avec la danse contemporaine.