Les nuages gris continuent obstinément de planer sur l’industrie de la musique, au Québec, alors que les ventes poursuivent leur recul, selon un rapport de l’Observatoire de la culture et des communications du Québec publié mardi.
Le document en question fait état d’un recul de 3 % des ventes d’enregistrements audio (albums ou pistes) pour 2015 comparativement à l’année précédente, avec un total de 8,5 millions d’unités écoulées.
Cependant, tout n’est pas perdu: si les CD continuent de perdre des plumes, les ventes d’albums numériques ont progressé de 1 %. Quant aux pistes numériques individuelles, on observe cependant une baisse importante de 4 %.
Côté produits « locaux », les artistes québécois représentaient 41 % des disques et chansons écoulés en 2015, soit un léger recul d’un point de pourcentage. Cette «part québécoise» est de 52 % pour les ventes de CD et de 22 % pour les produits numériques (30 % pour les albums numériques et 8 % pour les pistes numériques), souligne le document.
En fait, sans grande surprise, c’est le modèle d’affaires tournant autour de la diffusion de musique en ligne qui continue de gagner du terrain. De fait, les données de l’industrie pour le Canada indiquent qu’en 2014, les revenus pour l’écoute de musique diffusée en continu sont en hausse de 25 % comparativement à une baisse de 8 % pour ceux de la vente d’albums et de pistes numériques, écrit l’Observatoire.
« La baisse des ventes des produits numériques au cours des deux dernières années, principalement les pistes numériques, pourrait s’expliquer par le fait que les grands consommateurs de musique numérique, pour des raisons économiques et de simplification d’usage, se tournent maintenant vers l’abonnement à un service de musique en continu », tels Spotify, Google Play, ou encore Apple Music.
Les vidéos musicales prennent aussi du plomb dans l’aile: depuis quelques années, les ventes de vidéos musicales subissent une chute encore plus rapide que le CD, pour se situer, en 2015, à un peu plus de 100 000 unités vendues, soit une baisse de 86% depuis le sommet de 2006. Ce phénomène peut être lié au succès de sites comme YouTube et Dailymotion, où se retrouvent une grande diversité de vidéos musicales, indique le rapport.
La langue de Molière a mal
En 2015, la part des produits en français se situe à 30 % pour l’ensemble des supports, soit 37 % pour le CD (39 % en 2014), 23% pour les albums numériques (23 % en 2014) et 9 % pour les pistes numériques (10 % en 2014), mentionne l’Observatoire.
Ainsi, « de 2003 à 2007, à l’époque où le CD avait le quasi-monopole des ventes, 39 % des CD vendus étaient en français, avec un creux à 34 % en 2002 et un sommet de 44 % en 2004. Depuis 2008 et le succès progressif des produits numériques, la part du français dans les ventes se situe à 36 % pour le CD et à 16 % pour les produits numériques, pour une moyenne globale de 31 % ».
Quel avenir, donc, pour la musique québécoise, et qui plus est la musique québécoise francophone? Si les services de diffusion de musique en ligne continuent de prendre de l’importance – et rien ne permet de penser le contraire -, « les artistes et les maisons de disques québécois devront faire preuve d’ingéniosité pour se démarquer », conclut le rapport de l’Observatoire.