Dans son plus récent film, le cinéaste John Carney continue de faire vivre sa vision unique en partageant de nouveau son amour pour la musique dans un coming-of-age rassembleur et gagnant qui nous restera ancré en plein cœur pendant longtemps.
Dans son précédent film, le mésestimé et trop peu vu Begin Again, un regard sincère sur l’industrie musicale qui n’avait pratiquement rien en commun avec les productions musicales typiques américaines qu’on propose habituellement, il avait abordé la jeunesse de par un sympathique personnage incarné par Hailee Steinfeld. Dans Sing Street, il se concentre uniquement sur cette tranche d’âge en racontant l’histoire d’une bande de jeunes laissés pour contre qui décide de former un groupe de musique. Rien de nouveau sous le soleil, peut-être, mais disons qu’il y a beaucoup ici à se mettre sous la dent.
C’est que Carney a un optimisme qui triomphe sur tout et qui fait pratiquement oublier toutes les duretés par lesquelles il doit passer pour en arriver à sa fin. Après tout, il traite de la pauvreté, du chômage, des rêves perdus, des échecs, du divorce et on en passe, dans un film qui passe quand même tout son temps à aller de l’avant et à voir le positif partout, ou presque. Dieu merci, on doit tout cela à la finesse, que ce soit autant dans les détails que l’écriture, démontrant la réelle touche d’un créateur attentionné qui démontre une véritable approche et une profondeur non négligeable.
Après tout, suite à un film qui réunissait des noms aussi prestigieux que Mark Ruffalo, Catherine Keener et Keira Knightley, voilà que Carney a volontairement décidé de tout miser sur de jeunes inconnus. Un choix audacieux des plus gagnants puisque ces derniers sont non seulement excellents, mais ils permettent également de donner une personnalité propre au film qui s’amuse à faire revivre une époque par des comédiens qui ne l’ont pas vécu. Ainsi, le pastiche passe par les looks, les costumes, les références, mais aussi de par une technique qui donne droit à des segments vidéoclips des plus réussis. C’est que Carney s’est encore occupé des créations originales, lui permettant de faire un écho bien accueilli aux noms que ses excellents choix musicaux réunis, allant de Duran Duran à The Cure, en passant par Hall & Oates à Genesis. Comme quoi, le voilà qu’il a encore mis sur pied une trame sonore qu’on a envie de se procurer au plus vite.
Et les nombreux Ferdia Walsh-Peelo, Kelly Thornton et Mark McKenna ont un charme indéniable et ils électrisent immédiatement la pellicule de leur complicité et leur talent. Juste assez pour ne pas se faire éclipser de par la chaleur naturelle de Maria Doyle Kennedy, de l’autorité qu’impose Aidan Gillen, mais aussi de par le talent intimidant de Jack Reynor qui foudroie comme toujours chacune de ses apparitions, comme dans la majorité des nombreuses productions auxquelles il participe.
Pour le reste, si les baisses de régime sont rares, on apprécie ce cinéma d’auteur qui sait user de ses moyens à bon escient. Loin des grandes productions qui en mettent plein les yeux sans pour autant avoir assez de contenu pour en équilibrer la parure, il n’est pas pour autant aussi limité qu’à l’époque de Once, sa petite production miracle tournée en quelques jours et avec pratiquement rien, qui a terminé son parcours aux Oscars en raflant la statuette de la meilleure chanson avant de se transformer plusieurs années plus tard en comédie musicale à Broadway.
On a ici à faire à une grande réussite, comme toutes les productions de Carney après tout, qui a ce petit je-ne-sais-quoi de magique, de brillant, mais surtout de fort sincère, qui fait sourire du début à la fin et qui vient émouvoir et satisfaire juste quand il le faut. À ne pas manquer.
8/10
Sing Street prend l’affiche en salles ce vendredi 29 avril.