Le cas trouble monte sur la tribune, les membres de la famille républicaine défilent un à un pour exprimer leur désespoir et à la manière de l’animateur Jerry Springer les grands médias essaient d’y trouver du sens. Devant le manège à sensations, Serge Halimi du Monde diplomatique s’est rendu à la réunion annuelle du comité exécutif du Parti républicain de l’Alabama le 27 février.
Si certains attribuent la popularité du promoteur new-yorkais à la puissance mêlée de la télé-réalité et de l’extrémisme dans l’électorat américain, comme M. Vaugh Poe qui est noir et qui préside un comté du parti en Alabama, d’autres se rappellent l’importance que Trump accordait à « l’humeur » dans un long entretien à Playboy, il y a plus de vingt-cinq ans. « Je prévois qu’il sera renversé, parce qu’il s’est montré extrêmement faible », disait-il de Mikhaïl Gorbatchev. Il reprochait également à George H. W. Bush sa mollesse envers les alliés des États-Unis, protégés gratuitement par l’armée américaine.
« L’establishment républicain a fait beaucoup de promesses qu’il n’a pas tenues. Et il traite Trump avec le dédain qu’il réserve habituellement aux travailleurs manuels, alors que Trump est milliardaire. Mais son argent, il l’a gagné, il a fait des choses, pas seulement parlé. Notre establishment ne fait que parler, parler, parler », affirme Mme Dianne Jay qui a toujours voté républicain comme sa famille. Elle ne lit pas le journal local d’Auburn qu’elle trouve trop à gauche et transporte un revolver dans sa sacoche.
« Mike Huckabee, que j’aime beaucoup, l’a bien dit : l’establishment républicain devrait s’estimer heureux que cette rébellion utilise des bulletins de vote plutôt que des balles », enchaîne-t-elle. Un jeu de mots emprunté à un discours du militant noir Malcom X énoncé en 1964, « ballots » ( bulletins de vote ) a la même sonorité que « bullets » ( balles ).
« Ils préfèrent diviser le parti et offrir la victoire à Hillary Clinton plutôt qu’être démasqués et qu’on découvre ce qui se passe à l’intérieur: les lobbys, les deals, les pots-de-vin. Ce que j’apprécie avec Donald Trump, c’est qu’il finance lui-même sa campagne et ne doit rien aux groupes d’intérêt. Le leader républicain du Sénat, Mitch McConnell, gagne plus de 1 million de dollars par an; le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, plus de 900 000 dollars. Ils auraient beaucoup à perdre si quelqu’un arrivait et leur disait: OK, maintenant, on va tailler dans le gras », poursuit-elle.
« Les deux partis sont contrôlés par une culture identique, urbaine et aisée. Pour eux, l’essentiel du pays n’est qu’une bande de terre qu’on survole entre les deux côtes. Lors de la crise de 2008, nous aurions dû tout laisser brûler. Cela aurait été dur, mais pas mal de corruption aurait été éradiquée », affirme l’ancien cadre supérieur d’Eastman Kodak, M. Benett dont la femme possède une ancienne plantation de huit cents hectares.
À New York, le King Kong blond n’a pas grimpé au sommet de l’Empire State Building. L’audience avait déjà agrippé un autre sujet de convoitise, avant qu’il retrouve sa taille normale.