Drôle d’oiseau que le Misconduct de Shintaro Shimosawa, œuvre élégante qui est constamment amenuisée par la minceur et l’absurdité de son scénario, transformant ce suspense judiciaire en une plongée aux enfers ridicule qui se prend sans raison pour un film d’horreur.
Malgré ce que son nom indique et le fait qu’il ait travaillé sur les remakes de The Grudge, Shimosawa est né à Chicago et présente ici sa première réalisation. Il a produit et écrit de nombreuses choses s’apparentant davantage au cinéma fantastique. Il est donc surprenant de le voir s’aventurer dans le suspense judiciaire a priori réaliste et de se voir offrir sur un plateau d’argent une distribution aussi savoureuse. Certes les nombreux Josh Duhamel, Malin Akerman, Glen Powell et Julia Stiles sont sans contredit interchangeables, surtout qu’ils font toujours du mieux qu’ils peuvent avec ce qu’on leur offre et, on le sait, ils sont prêts à participer à n’importe quoi, mais on veut surtout parler de la présence des imposants Al Pacino et Anthony Hopkins.
Malheureusement, le film ne se concentre pas sur ce combat de coqs et, à l’inverse d’un Lucky Number Slevin qui avait plus à offrir que le face à face entre Morgan Freeman et Ben Kingsley, a bien peu à développer quand on se détache de cela. Pire, le scénario, plus il avance devient toujours de plus en plus incongru et ridicule, poussant sans conteste le spectateur à vouloir lâcher prise avant la fin. Après tout, l’élément déclencheur est, et on n’invente pas, une demande d’amitié sur Facebook.
Néanmoins, on peut compter sur la classe de la mise en scène. Pour un premier film, Shimosawa démontre une aisance technique qui surprend. La direction photo de Michael Fimognari est léchée, la trame sonore orchestrale de Federico Jusid est soignée et il y a dans l’atmosphère une certaine élégance qui séduit lorsqu’elle ne s’aventure pas trop dans les méandres plutôt inutiles du genre horrifique. Certes, le duo de scénariste composé de Simon Boyes et Adam Mason est habitué aux films d’horreur, mais le sujet ici ne pousse jamais à se lancer dans une telle tonalité. Cette recherche de ton constante n’aidant pas aux problèmes de personnalité, parmi tant d’autres, que le film exhibe dès le départ.
Reste alors un film qui aurait pu à la limite être une série Z aux frontières savoureuses, mais qui se prend hélas trop au sérieux pour qu’on lui pardonne son ridicule. En espérant que pour sa prochaine réalisation, Shimosawa aura un flair aussi intéressant pour le scénario que pour le reste et que ce faux pas ne prédira pas l’avenir de sa carrière.
À noter qu’il n’y a aucun supplément sur le DVD, tout l’inverse du blu-ray.
5/10
Misconduct (Mensonge en version françcaise) est disponible en DVD et combo blu-ray/DVD depuis le 19 avril.