Aider les élèves, c’est bien. Aider aussi les enseignants, c’est mieux: étude à l’appui, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) soutient que Québec doit en faire plus pour fournir des services adéquats aux professionnels de l’enseignement.
Dans une déclaration transmise par voie de communiqué, la FAE précise que la recherche en question, intitulée L’intégration scolaire telle que vécue par des enseignant(e)s dans les écoles du Québec (ISVEQ), offre des résultats « préoccupants à tous les égards ».
« D’abord pour les enseignantes et enseignants, qui se sentent souvent démunis en situation d’intégration. Certains disent devoir affronter plusieurs situations problématiques chaque semaine. Dans un tel contexte, la gestion de la classe devient difficile et peu propice à l’apprentissage. Ils évoquent un manque de ressources humaines et matérielles, un manque de soutien sur le plan humain, des retards pour avoir accès aux ressources nécessaires, voire leur absence, la lourdeur de la tâche ainsi que le manque d’expertise et d’information pour faire face aux cas complexes et difficiles. Ce que confirment les données statistiques: jusqu’à 73 % des personnes répondantes du primaire ont mentionné que les délais pour obtenir des services étaient beaucoup trop longs », écrit la FAE.
Ces enseignants ont également affirmés n’être que rarement consultés à propos de la démarche d’intégration des cas plus difficiles. Jusqu’à 76 % des profs du secondaire estiment qu’ils ne sont pas consultés du tout. Les enseignantes et enseignants sondés ont aussi affirmé qu’ils subissaient une grande pression des parents, qui ont des attentes très, sinon trop élevées envers la réussite scolaire de leur enfant, mais aussi de la part de l’administration scolaire.
« Les profs sont aussi déchirés, car ils estiment manquer de temps à consacrer aux élèves HDAA, mais aussi pour se coordonner avec tous les autres intervenants. Certains se sont même fait demander quel élève ils souhaitaient sauver en début d’année scolaire », poursuit la FAE.
« En somme, écrit-on dans le communiqué, plusieurs professeurs éprouvent un fort sentiment d’isolement, d’incapacité et même d’incompétence, malgré leur désir d’intégrer adéquatement les élèves HDAA et de les voir réussir, eux aussi. » Certains vont jusqu’à remettre en question leur choix professionnel: « Avoir su, j’aurais fait un baccalauréat en adaptation scolaire, pour aller enseigner en classe spéciale, au moins là, j’aurais eu de plus petits ratios », s’est confiée une enseignante.
Au gouvernement du Québec, qui a entamé un réinvestissement dans le réseau de l’éducation après deux années de vaches maigres, la FAE réclame de meilleures conditions de travail pour le corps enseignant, y compris l’abaissement des ratios prof-élèves dans les classes, comme cela a déjà été obtenu pour le niveau préscolaire.
« Il faut d’abord faire de la prévention et de l’intervention précoce de véritables priorités. Il faut ensuite placer l’identification des difficultés des élèves au cœur de l’ensemble du processus. Puis, il faut s’assurer que la décision d’intégrer un élève à la classe ordinaire s’effectue dans le plus grand respect de certaines conditions préalables. Enfin, on ne saurait apporter de solutions à la question de l’intégration des élèves HDAA sans valoriser l’école publique et investir de façon à la soutenir pleinement. Parce que lorsque l’on parle des élèves HDAA, on parle de moyens pour atteindre véritablement une égalité des chances de réussite, et ce, pour tous les élèves », conclut Nathalie Morel, vice-présidente à la vie professionnelle de la FAE.