Après 70 années de secret, les candidats au poste de nouveau secrétaire général des Nations unies auront l’occasion de présenter leur programme à l’Assemblée générale de l’ONU pendant trois jours à partir de mardi dans l’espoir d’influencer le Conseil de sécurité qui sélectionne le gagnant.
Autre nouveauté, plus d’un quart des États membres, soit au moins 56 pays, veulent que le neuvième secrétaire général soit une femme pour la première fois depuis la création de l’ONU il y a 70 ans. La moitié des candidats retenus à la succession du Sud-Coréen Ban Ki-moon sont des femmes. Le deuxième mandat de cinq ans de l’actuel secrétaire général se termine fin décembre.
Après les changements institués par l’Assemblée générale l’an dernier, la liste des candidats a été pour la première fois rendue publique avec leurs lettres de sélection et leurs C.V. affichés sur internet.
Autre première, les huit candidats présélectionnés seront auditionnés par l’Assemble générale sur trois jours à partir de mardi. Chacun aura deux heures pour se présenter et répondre aux questions.
De prime abord, il s’agit d’un pas vers la démocratisation d’une processus de sélection très secret contrôlé par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, France, États-Unis, Royaume-Uni, Chine et Russie, ceux qui disposent d’un droit de veto.
Ce sont eux qui recommandent officiellement un candidat aux 193 membres de l’Assemblée générale, dont le vote, ensuite, a longtemps été considéré comme un simple vote d’assentiment.
Aussi, n’est-il pas exclu que les cinq membres permanents continuent à choisir leur poulain en coulisse comme c’est le cas depuis 70 ans.
Il n’y aura d’ailleurs pas de vote ou de sondage informel de l’Assemblée générale pour signaler au Conseil de sécurité qui pourrait être le candidat ayant ses faveurs.
Secrétaire ou général?
Selon certains diplomates, la Russie, en privé, ne se montre pas très enthousiaste de cette nouvelle transparence, et considère les auditions des candidats prévues mardi, mercredi et jeudi comme non pertinentes.
Le principal intérêt de Moscou, disent-ils, est de s’assurer que le nouveau patron de l’ONU soit originaire d’Europe de l’Est, conformément à une tradition non écrite qui voit le poste attribué tour à tour à diverses régions du monde.
Le Conseil de sécurité tiendra sans doute son premier vote informel en juillet à huis-clos dans le but de prendre une décision définitive en septembre, de sorte que l’Assemblée générale puisse élire le prochain secrétaire général en octobre.
Les quatre candidates femmes présélectionnées sont : la Bulgare Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco, la Croate Vesna Pusic et la Moldave Natalia Gherman, deux ex-ministres des Affaires étrangères et l’ancienne Première ministre de Nouvelle-Zélande Helen Clark, qui dirige aujourd’hui le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
Les quatre hommes candidats sont les anciens ministres des Affaires étrangères de Macédoine et du Montenegro Srgjan Kerim et Igor Luksic, l’ancien président slovène Danilo Turk et l’ancien premier ministre portugais et ex-Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres.
D’après certains diplomates, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité préfèrent un « secrétaire » qu’un « général ».
Ce qui expliquerait le choix du très souple Ban Ki-moon auquel aurait poussé Washington en 2006 qui n’avait pas apprécié que le prédécesseur du Sud-Coréen, le Ghanéen Kofi Annan, qualifie d’illégale la guerre menée par les États-Unis en Irak à partir de 2003.
Mais certains pays veulent cette fois un « général » à même de faire le ménage après les diverses affaire qui ont entaché la réputation de l’ONU et notamment celle des abus sexuels menés par les soldats de la paix en République centrafricaine.