Américain d’origine, le danseur de ballet Vincent Warren est arrivé à Montréal en pleine Révolution tranquille. La documentariste Marie Brodeur relate sa biographie dans le documentaire Un Homme de Danse (2016) présenté au Festival international des Films sur l’Art de Montréal (FIFA).
Avant d’arriver à la salle Wilfrid Pelletier, une grande photographie en noir et blanc se déroule devant nos yeux. Douze danseurs, alignés les uns à côté des autres, forment la composition de La dernière Cène de Léonard de Vinci. Au centre de l’image : l’icône Vincent Warren.
La documentariste a interviewé le danseur au moment où il s’apprête à déménager pour aller vivre dans un appartement plus petit. À mesure où il dépose un objet dans une boîte ou qu’il détache un drapé tendu sur son mur, il nous regarde tendrement pour nous confier un souvenir. L’homme doux n’a que de bons mots pour décrire son parcours atypique.
La biographie trépidante du premier danseur des Grands Ballets canadiens, durant la période de 1960 à 1979, est mise en valeur par une réalisation sobre, sans artifices. On peut déceler trois parties à ce documentaire : sa jeunesse aux États-Unis, sa participation à la vie culturelle québécoise en ébullition et son implication dans l’enseignement du ballet.
Au-delà de la chronologie, Marie Brodeur nous présente un collectionneur qui n’a cessé d’amasser des livres, des objets et autres artéfacts liés de près ou de loin à la danse. Que ce soit par la collection d’ouvrages qu’il a léguée à la Bibliothèque de l’École supérieure de danse du Québec ou par les manuscrits originaux que le poète Frank O’Hara (1926-1966) lui a écrit, la biographie de Vincent Warren se raconte à travers cette collection.
Des images d’archives de l’Expo 67, de manifestations et de la construction de la Place des Arts illustrent à merveille le contexte de la Révolution tranquille. À travers leurs créations osées, voire psychédéliques, les danseurs de l’époque ont pris part aux bouleversements sociaux. Encore aujourd’hui, ils ressentent le même attachement à la culture québécoise. Devant la caméra, Vincent Warren alterne le français et l’anglais.
La phase d’expérimentation du danseur qui a inauguré le plancher « trop dur » de la nouvelle Place des Arts est étonnante. Du spectacle inspiré de la musique du groupe rock britannique The Who à l’opéra dansé par lequel il conclue sa carrière, il a expérimenté la danse contemporaine, s’est initié à la danse indienne et jouée dans Pas de deux (1968). Magnifique film du cinéaste Norman McLaren réalisé dans le cadre de l’ONF.
Afin d’en apprendre sur l’histoire de la danse ou pour revisiter l’histoire du Québec d’un point de vue éclectique, à voir.