Jeanne Dagenais-Lespérance
Une, deux, trois. Trois aventures en trois jours pour un Festival qui n’est désormais plus en trois, mais en quatre! Pour sa 11e année, il accueille troupes internationales et troupes locales dans des festivités conviviales qui confirment encore une fois son importance pour la culture montréalaise.
Le parc Saint-Viateur, avec sa patinoire romanesque, a un charme sûr qui rivalise avec la sempiternelle place des festivals du centre-ville. Et quel bonheur de marcher sur la rue Bernard en s’extasiant sur les marionnettes en vitrines! Bref, un quartier à l’image du festival : calme, sympathique, agréable…et onéreux. Préparez-vous vos portefeuilles, car il vous en coûtera 25 à25$ par adulte, et autour de 16$ par enfant. Moi qui avais bien hâte de voir des pièces ponctuées de fou-rires enfantins, j’ai été bien déçue en voyant la foule à des représentations en matinée.
THE TABLE-Blind Summit Theatre
Une table, une marionnette et trois marionnettistes. C’est tout. Et c’est en masse.
Voilà le pari osé que faisait la compagnie britannique Blind Summit Theatre lors de son spectacle en ouverture du festival. Pari tenu.
Une fable biblique épique et hilarante nous aura emmenés au mont Nébo lors de la mort de Moise, à des discussions philosophiques avec un metteur en scène en Angleterre et à tout simplement la table sur scène. Bref, c’est un voyage décousu conté par une marionnette vieillard sénile et vulgaire auquel nous sommes conviés. Et acceptons avec grand bonheur.
Pour les amoureux de l’humour british et les fans de manipulation marionnetique (car le vieillard guide les marionnettistes plutôt que l’inverse).
OH!L’OIE!L’OIE!-Teatr Animacji
Une oie dépressive veut se faire cuire. Elle tombe heureusement sur un renard, qui lui, a peu d’appétit pour une volaille maigrichonne. Il se laisse cependant convaincre d’accompagner notre suicidaire jusqu’à son ami le loup. Car qui dit loup, dit faim de loup?
Une histoire inventive suivant les règles classiques du conte mettra en scène les péripéties de cette oie dans son aventure. Des marionnettes tout en finesse et un décor superbe offriront un cadre parfait pour cela. Malheureusement, la salle semblait démesurément grande pour la taille des marionnettes et il semblait y avoir une infinité de détails scénographiques qui se perdaient dans la distance.
Qu’à cela ne tienne! On aura grandement apprécié la pièce quand même. Soulignons aussi la performance remarquable des marionnettistes qui offrait cette première en français, enjolivée d’accents polonais.
CAMINANDO & AVLANDO-Ubus Théâtre
Un autobus scolaire jaune aura servi de caravane de spectacle pour une petite pièce agréable, mais très chargée techniquement. L’histoire était simple pourtant, et rendait hommage à la vie d’une grand-mère inspirante. On suivait sa vie, depuis son jeune âge à son vieil, en passant par des exils, un mariage et d’autres exils. La pièce regorgeait de projections, de distributions d’odeurs, de films en temps réel ou encore de superpositions de photographies qui finissaient par étourdir par leur nombre. Chaque scène, chaque marionnette (car il y en avait beaucoup sous différentes formes) aurait pu être explorée pendant une heure à elle seule. Malheureusement, à chaque fois, on y passait rapidement le temps d’une ou de deux phrases. La scène des ombres du souper de shabbat restait, selon moi, le clou du spectacle.
Le temps a vite passé, et quelques images superbes restent, mais beaucoup s’effacent devant la multitude.