Coordonner pour mieux protéger: voilà ce que réclament plusieurs groupes environnementaux de l’Amérique du Nord, alors que le premier ministre Justin Trudeau doit effectuer en mars sa première visite d’État à Washington.
Dans une déclaration transmises par voie de communiqué, le National Resources Defense Council (NRDC), Équiterre, l’Institut Pembina et plusieurs autres organisations de défense de la planète demande au chef du gouvernement fédéral d’ajouter un « test climat » au processus d’évaluation environnementale.
« Un tel test évaluerait la viabilité économique des projets et politiques énergétiques au pays, dans un monde en transition vers un avenir sans combustibles fossiles. De plus, le test serait en adéquation avec les engagements du Canada pris à Paris en matière de climat », plaident ces organismes.
« L’adoption du « test climat » apparaît comme une étape cruciale pour donner suite aux engagements climatiques qu’ont pris Justin Trudeau et Barack Obama devant la communauté internationale à Paris. Ce sera aussi l’occasion pour les deux hommes de consolider leurs liens à la suite du rejet du pipeline Keystone XL », soutient Anthony Swift, directeur de projet pour la branche canadienne du NRDC.
L’idée consisterait donc à harmoniser, du moins en partie, les processus d’évaluation environnementale entre Ottawa et Washington, histoire de présenter un front uni et d’éviter que des projets transfrontaliers, tels le désormais défunt oléoduc Keystone XL, n’embourbent les deux pays dans un processus législatif et potentiellement judiciaire pendant des années.
« Compte tenu de l’évolution rapide des politiques climatiques canadiennes, américaines et mondiales, le Canada doit impérativement évaluer ses politiques et ses occasions d’investissement à l’aune de la sécurité climatique », affirme pour sa part Dale Marshall, responsable du programme national pour Environmental Defence. « Une meilleure collaboration entre les États-Unis et le Canada en matière de climat et d’énergie propre offrira le contexte idéal pour que les deux pays investissent dans des projets compatibles avec une économie prospère et peu dépendante du carbone ».
On avance également que des « scénarios de référence » inadéquats servent encore de bases pour évaluer les retombées environnementales des projets, et que ces mêmes scénarios empêchent Ottawa d’atteindre ses objectifs en matière de lutte contre le réchauffement climatique, y compris à la lumière de la Conférence de Paris tenue en décembre dernier. Une modernisation s’impose donc, martèlent les intervenants.
« Les scénarios concernant l’énergie devraient être modélisés en fonction de politiques climatiques plus ambitieuses, ici comme à l’étranger. Ils doivent tenir compte de la tarification du carbone et des limites aux émissions imposées dans le secteur des combustibles fossiles, comme celles qui existeront sous peu dans l’industrie des sables bitumineux de l’Alberta », confie Erin Flanagan, directrice des politiques fédérales à l’Institut Pembina. « Comme le Canada et les provinces mettent en place de nouvelles politiques sur le climat, on peut s’attendre à ce que d’autres nations leur emboitent le pas. »
« Le Canada doit se doter d’un « test climat » rigoureux afin que les décisions d’investissement à court terme ne viennent pas contrecarrer les plans à long terme visant à dissocier la croissance économique de l’augmentation des émissions », déclare Sidney Ribaux, directeur général d’Équiterre. Une version de ce test devra aussi être adoptée par les provinces, prévient-on.