Martin Prévost
À l’automne dernier, la maison d’édition Boréal faisait paraître, dans la collection Papiers collés, Google goulag – Nouveaux essais de littérature appliquée, sous la plume de Jean Larose.
Il s’agit du deuxième recueil d’essais en peu de temps pour cet auteur qui a besoin d’exprimer toute son amertume, toute sa désolation et, disons-le bien, toute sa nostalgie d’un temps qu’il considère révolu. Dans une vision plutôt manichéenne, l’auteur met en opposition le cours classique et l’enseignement actuel, les grandes œuvres et le prêt-à-porter du Web, la connaissance de l’histoire et les sciences de l’éducation. Ah, les sciences de l’éducation et leurs fonctionnaires, il ne les porte pas dans son cœur. Parmi les sciences molles, Jean Larose nous dirait sûrement que les plus molles sont les sciences de l’éducation, pis, il affirmerait sans doute qu’elles n’ont absolument aucune consistance.
Si certaines des affirmations de l’auteur sont appuyées sur des sources sérieuses, sur des extraits de textes pertinents, il arrive souvent que les raccourcis qu’il emprunte soient trop évidents : il nous donne d’avance son opinion et s’efforce de la démontrer avec pédagogie ou démagogie, c’est selon, pour en arriver, comme par surprise, à la conclusion annoncée dès le départ. Les textes ainsi construits sont certainement les moins intéressants. Heureusement, ils sont minoritaires.
Dans ce recueil, on constate combien Jean Larose est friand des envolées à l’emporte-pièce, même si ces envolées déteignent tristement sur sa crédibilité. Pour exemple, voici un extrait de l’essai Éducation: le vertige en héritage:
« Quand on leur demande des comptes, ces dames et ces messieurs des sciences de l’éducation déchirent leurs vêtements, scandalisés, et jouent les opprimés. Ce faisant, ils ne réussissent qu’à prouver ce que j’avance à leur sujet: qu’ils sont incapables de réfléchir en intellectuels à leur part de responsabilité dans les difficultés de l’éducation québécoise. »
L’essai intitulé Mon nouvel ordinateur qui parle de l’arrivée dans nos vies des technologies de l’information et des communications, avec toutes ces belles promesses, est drôle et plutôt savoureux. Celui où il compare l’évolution historique du christianisme à celle des autres grandes religions monothéistes présente un angle de réflexion qui nous a paru nouveau et intéressant.
Ce qu’il faut retenir de plus fort dans ce recueil, c’est certainement le profond amour de l’auteur pour la culture, la vraie culture et sa sauvegarde à tout prix. Ce qui nous apparaît le plus utile, c’est son regard perçant sur certaines dérives de l’éducation nationale, surtout en ce qui concerne l’abandon des grandes œuvres. Pour savoir où l’on va, il vaut mieux savoir d’où l’on vient.