Des glaciers qui vivent une fonte accélérée cet été; un Pôle Nord qui atteint des températures avoisinant zéro en plein hiver; et une vague de recherches dans le Pacifique. Ce sont trois des impacts immédiats d’El Niño, alors que le phénomène a probablement atteint son sommet à la mi-janvier.
Les climatologues des agences américaines de l’espace (NASA) et de l’atmosphère (NOAA) sont donc engagés pour deux mois encore dans un effort intensif de collecte de données sur mer et dans l’air, dans l’espoir que cela leur permettra d’améliorer leurs prévisions la prochaine fois — et mieux comprendre comment évolue un El Niño, spécialement une édition aussi puissante que celle de cette année.
Amorcé l’été dernier dans le Pacifique, le phénomène météorologique, caractérisé d’abord par un réchauffement des eaux là-bas, et qui réapparaît à des intervalles variant entre deux et sept ans, atteint chaque fois son sommet pendant l’hiver et s’estompe pendant le semestre suivant. La NOAA a évalué en janvier que le pire était derrière nous, et que les choses devraient être revenues à la normale dans le Pacifique cet été.
Par effet domino, El Niño entraîne toute une série de perturbations à travers le globe. Et l’une d’elles aura un impact bien au-delà de cette année : certains glaciers des Andes, en Amérique du Sud, fondent en ce moment à leur rythme le plus rapide depuis 12 ans. Selon le New Scientist, les glaciers de basse altitude (moins de 5500 mètres), qui étaient déjà en recul, pourraient être en train de vivre leurs dernières décennies, eux qui ont survécu à plus de 10 000 ans d’histoire. On mentionne le glacier Chacaltaya en Bolivie, qui a déjà abrité une station de ski, et dont les derniers fragments ont fondu en 2009.
Dans ces régions d’Amérique du Sud, la perte d’un glacier signifie la disparition des rivières et des lacs qu’il alimente au printemps, rivières et lacs qui servent d’eau potable pour des millions de personnes ou font tourner des centrales hydro-électriques. Là comme ailleurs, le Service mondial de suivi des glaciers estime que la première décennie du 21e siècle a vu la plus grande quantité de glace perdue depuis 150 ans que de telles mesures sont prises.
Ceux qui se réjouissent le plus d’El Niño sont pour l’instant les habitants du nord-est de l’Amérique du Nord qui, de Québec jusqu’à New York, ont eu droit à des températures printanières en décembre en janvier. Les mêmes perturbations ont poussé de l’air chaud jusqu’au Pôle Nord pendant le temps des Fêtes, et à nouveau depuis deux semaines : on voit s’accumuler là-bas, dans la haute atmosphère (ou stratosphère) un vortex d’air chaud. Paradoxalement, c’est cette accumulation qui, en 2014, avait été ensuite à l’origine du vortex polaire, courant d’air très froid qui était resté stationné au-dessus d’une partie de l’Amérique du Nord. Mais les météorologues prédisent que cette fois, l’accumulation de chaleur en Amérique du Nord pourrait contrer en partie les effets du vortex polaire en février.
À l’autre bout du continent, la Californie et le sud-ouest des États-Unis ont été plus froids que la normale, mais ont également reçu davantage de précipitations. Ce qui veut dire davantage de neige au sommet des montagnes, d’où la question à laquelle les habitants de là-bas attendront impatiemment la réponse ce printemps: est-ce que ce sera suffisant pour atténuer les effets de la sécheresse des dernières années?