Cassandre Chatonnier
Mon amie et moi arrivons à l’Espace Libre. Il y a de la musique pop, une table de salon qui semble être toute droit sortie de chez ma grand-mère, entourée de gradins dans lesquels nous prenons place. De l’autre côté de la salle, de grandes tables rondes, préparées pour ce qui semble être un banquet. Plus que dans un théâtre, nous avons le sentiment d’être chez quelqu’un… Et nous découvrons par la suite que ce n’est pas à une pièce de théâtre que nous allons assister, mais à un jeu.
Parmi nous, il y a six femmes, des mères et leurs filles, toutes issues de la communauté juive montréalaise. À tour de rôle, elles vont être appelées à la table centrale pour répondre à des séries de questions scellées sous enveloppes. Tantôt se sont les duos mère-fille qui sont appelés, tantôt les mères, ou seulement les filles. Les questions sont intimes, parfois embarrassantes pour les participantes. Elles ont eu droit le soir de la première à « quelle est la chose la plus importante qu’une mère puisse transmettre à sa fille? », « qu’est-ce que l’amour? », « il y a-t-il des choses dont vous ne pouvez pas parler avec ta mère? ». Des questions qui ont amené des réponses chargées d’émotions, et qui, même si elles ont parfois touché au lien de la relation mère-fille avec la culture judaïque, ont surtout ouvert une réflexion plus large autour de la famille et de la communauté.
Communauté qui se créée réellement par la suite: le public est invité à se réunir aux tables de banquet pour y déguster des spécialités juives et discuter avec les participantes du jeu. J’ai eu pour ma part la chance d’approfondir certains sujets abordés avec Stéphanie, et ainsi d’en apprendre davantage.
Ainsi, même si ce n’est pas à proprement parler du théâtre, les metteurs en scène Ravi Jain et Rose Ploteck parviennent à proposer une expérience authentique, menant à un vrai dialogue, et qui nous fait réaliser que, peu importe notre origine culturelle, le lien mère-fille reste le même, avec sa beauté et sa complexité.