Les romans Harlequin se sont modernisés, mais n’ont probablement pas gagné en qualité comme se reproduisent plus vite que leurs ombres les films issus de romans de Nicholas Sparks et tous leurs équivalents. The Choice en est le plus récent fardeau.
Entendons-nous, les romans Harlequin existent toujours et tant mieux pour ses milliers de lecteurs puisqu’ils ont le mérite de tout faire cela à leur propre insu. Un peu comme Marc Lévy qui malgré sa vingtaine de romans a décidé d’arrêter les adaptations, pour l’instant du moins, après trois vaines tentatives.
Le problème avec Sparks, après avoir tiré les larmes d’une bonne part du public féminin dans A Walk to Remember, c’est qu’il s’entête à envahir notre cinéma, et, par le fait même nos écrans. Il a après tout marqué à jamais le genre, s’il en est un, des « films de filles » avec son surestimé The Notebook. Et s’il y a eu un petit repos après ce succès inattendu qui continue de faire jaser, et queNights in Rodanthe est loin d’avoir eu le succès escompté malgré ses têtes d’affiche, il y a eu un étrange regain depuis le début du 21esiècle nous livrant à notre plus grand désarroi au minimum une nouvelle adaptation par année.
Si le niveau d’endurance varie selon le prestige de sa distribution, il n’en demeure pas moins qu’on a construit une formule qui se répète encore et encore à l’usure avec bien peu d’audace ou d’imagination, donnant un bien piètre visage aux drames romantiques qui méritent certainement mieux. Et si l’on hésite encore à se demander si l’on tombe plus bas ou à égalité avec le risible Safe Haven, The Choice est de loin l’une de ses adaptations la plus ringarde et la plus mal dosée à ce jour, flottant à peine de l’aide de son mince budget de 10 millions qui se contentent de similivedettes d’un jour qui n’arrivent pas à cacher leur manque de chimie au travers d’une absence totale de mise en scène. Comme quoi on a placé des caméras, on a filmé les comédiens livrant la soi-disant histoire et… c’est pas mal tout ce qu’il en reste.
Après tout, le film n’en a que faire de l’histoire tellement tout, du synopsis à la quatrième de couverture du roman lui-même, en passant par la bande-annonce, ne se prive pas pour dévoiler immédiatement « le choix » en question du titre, qui se croit brillant de ne pas seulement se contenter de l’éternel dilemme entre deux êtres, lui enlèvement ainsi tout véritable impact. On essaie même de nous refaire le coup du riche et du pauvre, comme si Sweet Home Alabama et tous ses jumeaux n’avaient jamais existé. Entendons-nous pour dire que l’attente à savoir si le personnage en danger devra vivre ou mourir ne constitue que le dernier tournant de tout le film, nous forçant à subir des moments de flirt tous plus insipides et interminables les uns des autres.
Il faut admettre que le film met quand même la philosophie suivant, au-delà des éternels « je ne veux jamais vraiment dire ce que je dis, quand je dis non c’est certainement un oui »: plus tu m’énerves plus je suis dans l’obligation de t’aimer. Une alternative simpliste et quelque peu misogyne au « les contraires s’attirent » qui a bercé tant de décennies avant nous.
Histoire de mettre sa propre théorie en pratique, essayant même d’utiliser des animaux pour détourner notre attention et des panoramas faussement paradisiaques (les couchers de soleil cartes postales sont tellement démodés, mais pas autant que les fausses pleines lunes et les ciels étoilés créés de toute pièce, ça vraiment c’est un non catégorique), le film s’entête à nous faire vivre un calvaire qui semble enfoncer un clou de plus à notre cercueil au fur et à mesure que son soi-disant récit ajoute des inepties qui découragent.
Non, on ne se retrouve pas dans cette réalité de gosses de riches. Non, on ne tolère pas que des acteurs comme Tom Wilkinson se retrouvent dans ce foutoir. Non, on ne croit pas que Maggie Grace est plus crédible dans le rôle de la sœur du protagoniste parce qu’on lui a teint les cheveux pour qu’ils soient de la même couleur que ce dernier (prendre une actrice qui lui ressemble n’était pas une meilleure idée?). Non, on ne croit toujours pas que Teresa Palmer a de l’avenir devant elle avec ses moues confuses qu’on a de la misère à qualifier, surtout lorsque Alexandra Daddario semble un choix beaucoup plus raisonnable alors qu’elle n’est un pion secondaire qu’on s’amuse toujours à repousser. Non, on ne pense que l’amour parvient à tout surmonter, même les plus terribles des ouragans. Non, on ne croit pas à ces sauts dans le temps quand les enfants vieillissent, mais que les acteurs principaux gardent leur jeunesse d’aujourd’hui. Et on pourrait continuer encore longtemps histoire de se vider le sac après ce si pénible supplice..
The Choice est alors bien peu recommandable même si l’on en comprend qu’il saura parfaitement convenir à son public cible qui l’attendra avec impatience, quatre boîtes de papiers mouchoirs en main, prêt à y retrouver la formule qui guide leurs émotions depuis onze films déjà. Ne reste plus pour nous, commun mortel, d’espérer qu’après sept films consécutifs en autant d’années, qu’on prendra une pause pour reconsidérer la formule et qu’on osera peut-être aller au-delà de toutes ces limites qu’on a trop souvent piétinées. Puisqu’à l’inverse des protagonistes du film, à force de nous énerver, on n’a définitivement pas envie d’aimer davantage, bien au contraire.
4/10
The Choice prend l’affiche en salles ce vendredi 5 février.