Si le président du Mexique, Enrique Peña Nieto a mis la main au collet du chef du cartel de Sinaloa dans le nord-ouest du pays, Chapo Guzmán, la situation désastreuse de l’État de Guerrero au sud lui glisse entre les mains. La région où 43 étudiants ont disparu le 26 septembre 2014 ne fait que s’enfoncer dans la violence.
L’État de Guerrero termine l’année 2015 avec 2721 homicides dont la majorité est préméditée, l’année la plus violente pour cet État depuis 2007. Les données officielles du gouvernement mexicain sont alarmantes. Si on se fie à la méthodologie de l’Office des Nations unies, pour chaque groupe de 1000 habitants le ratio d’homicide augmente de 43,2 en 2014 à 57,6 en 2015. Il s’agit du ratio le plus élevé de tout le pays. Si on compare avec l’État de Mexico, le plus peuplé, on a enregistré 2303 homicides prémédités pour un ratio de 15,05, rapporte EL PAIS du 29 janvier.
La criminalité avait atteint des proportions insoutenables dans les villes-frontières avec les États-Unis et dans les États du nord du pays dans les années 2000, explique le chercheur associé à l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE), Georges Estievenart au quotidien GJ le 28 janvier. Aujourd’hui, cette criminalité infecte plusieurs États du centre et du sud: Michoacán, Guerrero, Jalisco, Veracruz. Contrairement au nord, le manque de présence solide de l’État fédéral a conduit à l’émergence de milices armées et de groupes d’autodéfense « antinarcos » à partir de 2012. Certains sont devenus des adversaires directs des « narcos » et parfois, leurs compétiteurs.
Démêler les appellations, les villages et les régions d’influence des narcotrafiquants se complique à mesure qu’on ajoute les groupes civils armés qui prennent l’habitude de s’associer à de l’autodéfense. Parfois, leur objectif paraît légitime, similaire à celui des autorités. D’autres fois, on peut douter de leurs intentions. Au mois de mai dernier, un groupe qui se nommait « police communautaire » a occupé la ville de Chilapa et ses environs. Une trentaine d’habitants ont disparu en quelques jours, ce qui a provoqué un débarquement militaire massif.
Sept mois plus tard, ce sont 57 personnes qui disparaissent dans la ville de Chilapa. Vendredi dernier, 3500 militaires et 200 policiers ont débarqué dans cette ville de 120 000 habitants.
À Tierra Blanca, dans l’État de Veracruz situé au sud le long du golfe du Mexique, on recherche depuis quinze jours cinq jeunes Mexicains disparus à la suite d’une arrestation policière. Une disparition qui n’est pas sans rappeler celle des 43 étudiants d’Ayotzinapa et qui allonge la liste des 26 600 disparus au Mexique depuis 2006, rapporte L’Express du 29 janvier.
Au moins 275 plaintes pour enlèvements par les autorités ont été présentées à la justice entre 2006 et septembre 2015, d’après les informations obtenues par l’AFP auprès des autorités. Durant les neuf premiers mois de 2015, 41 plaintes ont été déposées contre les autorités, mais seules 15 ont débouchés sur des inculpations.