Il n’y a rien de bien nouveau dans ce que Learning to Drive propose, bien que ce soit inspiré d’une histoire vraie. Toutefois, une chose fait la différence et c’est l’excellence de ses deux interprètes principaux.
Patricia Clarkson est d’une certaine façon plutôt discrète, mais il est difficile de lui résister. Que ce soit dans The Station Agent ouCairo Time (extrêmement mieux réussis, mais dans la même veine que le film qui nous est proposé ici), en passant par ses rôles plus fous et frivoles de la télésérie Six Feet Under à Friends with Benefits, on aime son calme, sa sincérité et sa passion. Autant le dire tout de suite, elle est à elle seule la raison même de voir le très simpliste Learning to Drive qui cabotine étrangement entre drame et comédie en abordant des sujets graves, mais avec une légèreté qui est retransmise par la maladresse de sa mise en scène.
C’est que bien que productive, la réalisatrice Isabel Coixet n’a rien de véritablement mémorable en carrière, n’en déplaise à ses quelques passages dans des festivals prestigieux tel que Cannes et Berlin. Et son incertitude, s’il peut se lier avec l’état de ses personnages, empêche le spectateur de s’accrocher puisqu’on ne sait jamais sur quel pied danser.
Au moins, la fragilité de Wendy, une auteure habitant Manhattan qui doit faire face au départ de son mari pour une plus jeune, a quelque chose de lumineux et d’attachant, et on se plaît à y voir naître son amitié atypique avec Darwan, un professeur de conduite d’origine indienne qui doit lui-même faire face à ses propres problèmes, dont un mariage arrangé qui ne lui convient que bien peu.
Et c’est là que les choses se corseront dans cet étrange triangle simili-amoureux, alors qu’on tentera de développer l’émancipation de trois personnes qui doivent apprendre à dire adieu au passé et à accueillir un renouveau important. Et si Ben Kingsley cabotine allègrement, on a de la misère à cerner son personnage, singulièrement égoïste, qui se montre d’une grande dureté avec sa femme qui ne cherche qu’à accepter sa nouvelle réalité.
Ainsi, on repense constamment au plus subtil et réussi The Lunchbox de Ritesh Batra, en regrettant que leLearning to Drive de Coixet n’en ait pas la même expertise. D’autant plus que le film a une durée trop longue pour son propre bien comme on ne parvient jamais à développer pleinement les nombreux sujets, ambitieux néanmoins, qu’on frôle ici et là. Puisque potentiel il y avait à parler de la difficulté de repartir à zéro à un certain âge, en plus d’aborder les différents qui lient et séparent les différentes cultures.
Learning to Drive demeurera toutefois un beau film, charmant à ses heures, touchant ici et là et même humoristique quand il le faut (ou pas). De quoi faire du bien à l’âme, sans pour autant répondre pleinement à toutes les questions qu’il met en place.
5/10
Learning to Drive (Leçons de conduite) est en DVD depuis le mardi 19 janvier