On dit du film que c’est Robert De Niro comme on ne l’a jamais vu. C’est peut-être vrai d’une certaine manière, mais ça ne veut pas nécessairement dire que c’est ce qu’on voulait voir.
Dirty Grandpa est un long-métrage rien de moins qu’aberrant. Certes, il a ce désir de provoquer et de choquer, mais l’ensemble est si pathétique et gratuit qu’il devient difficile de lui pardonner.
Pourtant, on peut lui prévoir un succès inquiétant et même une suite au possible (la fin est tout de même ouverte après tout!). Que ce soit pour ses têtes d’affiche qui attirent les foules pour leur nom et leur physique plutôt que leur talent (De Niro aurait-il abdiqué en ce qui a trait à sa carrière?) ou son côté juvénile qui faire rire avec grande facilité (pas besoin d’une grande éducation pour y prendre part), il y a fort à parier que le public voudra y sauter à pied joint. Après tout, des personnes âgées vulgaires ça a la cote comme Jackass l’a démontré ou même au Québec avec les détestables. Mais si la proposition a le potentiel d’être charmante, on ne peut pas y espérer à chaque fois d’y voir une June Squibb comme elle se présentait dans le merveilleux Nebraska de Alexander Payne.
On retrouve alors ici un futur jeune époux en devenir qui prend la route avec son grand-père vicieux qui vient tout juste d’enterrer la femme de sa vie. Décidé à profiter pleinement de sa nouvelle liberté, il veut littéralement fourrer tout ce qui bouge et qui a du potentiel (le dialogue serra répété à maintes et maintes reprises de façon intégrale), tout en en profitant pour essayer de décoincer un peu son petit fils qui, selon lui, ne s’est certainement pas émancipé à son plein potentiel.
C’est peut-être là que le film se ridiculise encore plus puisqu’il contrebalance avec une maladresse inimaginable sa propre indécence en essayant d’apporter une réflexion et une moralité (certainement douteuse) à son ensemble, tentant de développer les divers filons de la capacité à faire ses propres choix, le chemin de non-retour, la possibilité de vivre nos rêves avant qu’il ne soit trop tard, profiter du moment présent, faire la paix avec son passé, réparer les erreurs d’autrefois et on en passe. Pourtant, outre le fait que ce soit développé avec un manque total de subtilité, il est difficile de prendre quoi que ce soit au sérieux quand on l’insère entre autant de blagues de pénis et de mauvais goût.
Il est également dommage de voir se ruiner le talent de Dan Glazer (qui a scénarisé la majorité des projets de Sacha Baron Cohen dont Bruno et Borat, en plus d’avoir écrit et réalisé I Give it a Year, l’une des comédies romantiques les plus rafraîchissantes et désopilantes des dernières années), en ayant laissé sa confiance au scénario du jeune nouveau John Phillips (qui doit aussi scénariser la suite de Bad Santa… on a très peur).
Et l’incertitude continue de se faire sentir tout du long de par le jeu hésitant de ses interprètes. Si Robert de Niro est malgré tout étrangement à l’aise dans le rôle du libidineux, comme l’inattendu Danny Glover d’ailleurs, il est pénible de voir Zac Efron essayer de pousser la note de son jeu en essayant d’étendre de façon pathétique son jeu dramatique. La succulente Aubrey Plaza fait également du mieux qu’elle peut avec ce rôle, mais dans les méandres de la vulgarité, on réécoutera plutôt sans hésiter le mésestimé The To Do List. Et si son rôle le demande néanmoins, Julianne Hough est aussi insupportable que de coutume, faisant pâle figure au certain charme de Zoey Deutch qui est toujours rattrapée par la minceur des dialogues et des situations. Et si Dermot Mulroney ne sait jamais vraiment ce qu’il fait là, Jason Mantzoukas continue de cabotiner comme il en a l’habitude, en démontrant toujours un peu d’incertitude à savoir si ce qu’on lui demande de faire n’est pas un canular tellement c’est idiot. De son côté Jake Picking surprend puisqu’il réussit avec étonnement à démontrer un beau corps athlétique vide encore plus évident que ce que Zac Efron a l’habitude d’interpréter. Et voilà comment on ruine une distribution qui va dans tous les sens!
Et puis bon, il y a ces scènes de drogues et de beuveries sans fin, ces ralentis ambigus et ces gros plans de fesses et de seins, et ce faux road-movie qui camoufle plutôt celui d’une quête ultime aussi risible que possible. Et de sa durée qui approche les deux heures (quel supplice!) on revient toujours en arrière, on multiplie les références qui n’ont pas de bon sang et on essaie de mettre du suspense et de l’action là où l’on aurait certainement pu couper dans le gras.
Au final donc, Dirty Grandpa amusera certainement son public cible, celui qui rit à des blagues de flatulence, mais il sera à éviter à tout prix par ceux faisant preuve d’un certain bon sens. Non pas que le tout soit déconseillé par pudeur, mais seulement parce qu’il est tout simplement insultant à tout spectateur qui se respecte. Vous aurez au moins été prévenus.
4/10
Dirty Grandpa prend l’affiche ce vendredi 22 janvier.