Avec 56 pour cent du scrutin, Tsai Ing-wen devient la présidente de Taïwan le 16 janvier, son parti le Democratic Progressive Party (DPP) obtient la majorité au parlement. Première femme à la tête d’un pays chinois, elle oppose l’indépendance de l’île au géant continental.
À une rencontre diplomatique, le 19 janvier, avec un officiel américain, Bill Burns, la présidente sortante s’est engagée à veiller au maintien de la paix et de la stabilité dans la région, tout en faisant la promotion de la coopération entre Taïwan et les États-Unis, notamment pour les secteurs économiques et industriels, rapporte Taipei Times. Une mise au point nécessaire par rapport à une instabilité éventuelle avec le géant chinois.
« Taïwan devrait abandonner ses « hallucinations » dans sa quête d’indépendance, toutes les actions posées dans cette direction seraient du « poison »», affirme le média d’État chinois à la suite de la victoire nette du DPP, rapporteReuters le 17 janvier. On a pu lire dans The Global Times, un tabloïd influent publié par les officiels du parti communiste, que si l’administration de Tsai cherche à « dépasser la ligne rouge » comme Chen, Taïwan va « frapper un cul-de-sac ».
Issues de la même culture, la guerre civile de 1949 a divisé les deux territoires en une Chine continentale communiste et l’île de Taïwan capitaliste. « Tant que Tsai ne provoque pas l’autre côté, ça va », affirme un ancien agent de distribution de journaux, Lenex Chang qui a assisté à un rassemblement pour Tsai. « Si la Chine continentale se démocratise un jour, on peut envisager une connexion », ajoute-t-il, rapporte The China Post le 16 janvier.
Pendant la campagne électorale, les partis principaux ont essayé de formuler des politiques pour rejoindre directement les jeunes, 1,29 million des électeurs, soit 6,8 pour cent de l’électorat, a voté pour la première fois. L’objectif a été de séduire des jeunes qui ont une vision pessimiste de l’avenir étant donné la faible croissance économique de 1 pour cent l’année dernière, une augmentation du taux de chômage, une rémunération qui ne tient pas compte de l’inflation et la perte de l’élan du secteur technologique, rapport EL PAIS le 15 janvier.
Le DPP a tenu compte de la défense de causes concrètes importantes pour les jeunes : l’environnement, la reconnaissance de l’union des couples du même sexe et l’exigence d’un futur meilleur pour les jeunes, en plus de la défense de l’identité nationale taïwanaise. Tandis que le Kuomintang a promis d’augmenter le salaire minimum et le PDP a promis des logements sociaux et une aide pour les entrepreneurs du secteur technologique.
L’ensemble des formations politiques a mis l’emphase sur les nouvelles technologies. « Taïwan et la Chine ont besoin de prendre quelques distances », affirme un ingénieur en informatique qui vote à Taipei pour Tsai. «Le changement de président signifie que ce sont toujours les Taïwanais qui prennent la décision », poursuit-il, rapporte The China Post le 16 janvier.
La présidente sortante va-t-elle se retrouver dans la même situation, d’après le Monde diplomatique du mois de janvier, que la présidente de la République de la Corée du Sud, Park Geun-hye, ayant la Chine comme premier partenaire commercial et les États-Unis comme unique partenaire en matière de sécurité?