Il n’y a rien comme Série noire. Bien sûr, la série se nourrit de références et d’une culture riche qui la rend plus forte, mais que ce soit au Québec ou la télévision en général, c’est une audace qui a son propre souffle et, simplement parce qu’on a voulu pousser le tout encore plus loin dans sa deuxième saison, cela devrait être une raison amplement suffisante pour ne manquer sous aucun prétexte la suite de ces indescriptibles aventures.
Jusqu’ici, on espère que vous avez eu la chance de faire connaissance avec Marc Arcand, Charlène et le EGG, notamment, si ce n’est pas le cas, dévorez immédiatement les douze premiers épisodes de Série noire et préparez-vous à une nouvelle descente pour la deuxième saison. Alors qu’on reprend pas mal immédiatement là où nous avait laissé, disons que l’entourage de nos deux scénaristes s’est fortement complexifié et qu’on ne sait plus trop à qui faire confiance dans tout cela. Et si le danger est bien loin de s’être dispersé, on peut être certain d’en prendre pour son mal dans une saison qui prend habilement le temps de mettre en place ses pions pour ne pas tout vendre dès les premiers épisodes.
Et si les éléments ont droit à quelques explications ici et là, autant vous dire que l’ensemble ne s’éclaircira pas nécessairement pour autant alors que tout deviendra toujours de plus en plus imprévisible et de plus en plus bizarre. Soyez averti, si la première saison en a déconcerté plus d’un, la seconde a certainement envie d’en mettre encore plein la vue.
Bien sûr, impossible de ne pas reconnaître immédiatement la plume distincte de François Létourneau et Jean-François Rivard qui comme de coutume ont des dialogues qui fondent en bouche et des situations dont eux seuls on le secret. Toutefois, c’est leur créativité dont on se souviendra le plus, alors qu’ils se feront encore plus plaisir dans leurs références, avant de se lier fréquemment à l’univers d’Edgar Wright, donnant l’impression de donner autant dans Hot Fuzz, Shaun of the Dead que The World’s End. La complicité des deux protagonistes évoquant celle de Nick Frost et Simon Pegg, bien que les créateurs aiment bien rappeler celle de Mel Gibson et Danny Glover dans Lethal Weapon.
Et au-delà de François Létourneau et Vincent-Guillaume Otis qui continuent d’impressionner et de décourager dans leurs décisions, tout le reste de la distribution est impeccable, autant dans ceux qui reviennent que ceux qui s’ajoutent à l’ensemble, de Édith Cochrane à Marie Brassard, en passant par Marc Beaupré, Louise Bombardier, Anne-Élisabeth Bossé, Hugo Dubé, Jacques L’Heureux, Martin Drainville, Sébastien René, Guy Nadon, Charlie Lapante, Alain Zouvi et on en passe. Ils sont merveilleux tout simplement.
Certes, amputé de deux épisodes, on doit admettre que la dégringolade de la conclusion peut paraître un peu précipitée histoire de boucler la boucle du mieux possible. Si un épisode final double n’aurait pas fait de tort et qu’il y a d’une certaine façon une place pour livrer le chapitre final d’une trilogie qui pourrait être historique, les créateurs s’entendent pour dire qu’on a bel et bien droit au chant du cygne de Série noire.
Il ne faut quand même pas bouder son plaisir. La saison 2 de Série noire est aussi admirable que la première, parvenant à plus d’un moment à figer son spectateur dans la surprise et l’incertitude, trouvant le moyen de renouveler le sentiment de nouveauté et de jamais vu que la télésérie avait réussi à livrer lors de son premier tour de piste, ce qui n’est certainement pas si simple à faire!
Ne soyez donc pas pris au dépourvu et prenez part à l’une des séries les plus marquantes et mémorables qu’on nous aura jamais offerte. Si l’humanité de Les Invincibles derrière ses travers immatures en a conquis plus d’un, la richesse créative de Série noire devrait en marquer tout autant. Du grand génie, ce, bien de chez-nous.
La deuxième saison de Série noire prend place les vendredis soirs 21h dès le 15 janvier sur les ondes de ICI Radio-Canada.