René-Maxime Parent
Coincés entre deux rendez-vous internationaux, la Coupe du monde de la FIFA de 2014 et les Jeux olympiques de 2016, et piégés par la dégradation des services publics et la répression policière, les Brésiliens des grandes villes ont pris la rue, vendredi.
« Les intérêts du gouverneur et du maire suivent ceux des entrepreneurs du transport et de leur progrès, et non pas la population, celle qui souffre quotidiennement dans les transports bondés et toujours plus dispendieux», a affirmé le collectif d’activistes sur le transport en commun Movimiento Passe Livre (MPL) à la suite de l’annonce de l’augmentation du coût du billet d’autobus à São Paulo. À la fin de l’année 2015, le maire, Fernando Haddad et le gouverneur de la région, Geraldo Alckmin ont décidé de faire passer le prix du billet de 3,50 réal à 3,80 réal (1,22 $ à 1,33 $) à compter de la fin de semaine dernière, rapporte EL PAÍS.
À Rio de Janeiro, la mairie a également annoncé une augmentation de 3,40 Réal à 3,80 Réal ( 1,19 $ à 1,33 $ ). Au mois de janvier de l’année dernière, le billet a augmenté de 3 Réal à 3,40 Réal (1,05 $ à 1,19 $) en promettant d’installer un système d’air conditionné dans tous les autobus. Aujourd’hui, seulement 58 pour cent des véhicules sont climatisés. Vendredi, lorsque les émeutes ont éclaté, il a fait plus de 30 degrés sans tenir compte du facteur humidex.
Dans les deux villes, les partis politiques de gauche, les étudiants et les mouvements sociaux se sont réunis pour manifester de façon pacifique contre l’augmentation du coût du billet d’autobus et de train. Comme à l’habitude, les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes pendant que les jeunes masqués ont vandalisé des autobus, des banques et monté des barricades.
À São Paulo, 17 personnes ont été arrêtées et il y a eu des blessés. À Rio de Janeiro, un groupe de manifestants ont attaqué des policiers avec des cocktails Molotov et des pierres. Les policiers ont envoyé des bombes de gaz causant la panique dans les environs. À Belo Horizonte dans la région de Minais Gerais, où il y a eu aussi des manifestations, on n’a enregistré aucun incident.
Tout au long de l’année 2015, le MPL composé en majorité de jeunes a été l’instigateur de multiples manifestations tenues dans les grandes villes brésiliennes. Misant d’abord sur le transport, à mesure que le mouvement a pris de l’ampleur ses revendications se sont étendues à la qualité de l’éducation et de la santé publique.
Le Brésil s’enlise dans une crise économique. Il s’agit de la plus grave récession depuis plus de 25 ans. Le taux d’inflation est de 10,7 pour cent, le pire depuis 2002. 1.5 million de Brésiliens ont perdu leur emploi en 2015, d’après Reuters du 8 janvier.
La crise politique, centrée sur le processus de destitution de la présidente Dilma Rousseff et les cas de corruption de tous les partis, est en pause jusqu’au retour des députés au mois de mars.