Investir dans l’éducation ferait une réelle différence auprès des enfants issus de milieux défavorisés, avance une récente étude qui s’est penchée sur l’ascension sociale de ces élèves, au Québec, sur une période de 30 ans.
Les élèves québécois moins nantis ayant bénéficié des réformes du système d’éducation menées dans les années 60 et 70 s’en sont en effet mieux sortis socialement et économiquement que leurs parents, rapporte une équipe de chercheurs, dans une étude publiée récemment dans la revueDevelopment and Psychopathology.
Pour près de 80 % de ces élèves, ayant fréquenté le système d’éducation québécois entre les années 1976 et 2005, l’école leur a permis d’obtenir un meilleur statut social et économique. « Permettre aux plus pauvres de poursuivre l’école et de sortir de la misère, c’est un des bienfaits qu’a apporté la Révolution tranquille », estime Marie-Hélène Véronneau, auteure principale de l’étude et professeure en psychologie à l’Université du Québec à Montréal.
Les politiques sociales mises en place dans la foulée de cette période ont démontré leur efficacité en améliorant les conditions de vie de l’ensemble des familles québécoises, soutient la chercheuse. « Elles ont permis, entre autres, d’augmenter de 3 ans la scolarisation des élèves. Passer de 9 à 12 ans d’études, c’est la différence entre finir son secondaire ou pas », précise-t-elle. Et le gage d’un statut social et économique plus confortable pour ces jeunes citoyens en devenir.
Si le prestige associé à l’emploi des parents, le domaine d’études choisi et la qualité du voisinage restent les trois facteurs d’influence marquants dans l’échelle sociale de ces élèves, leur caractère pèserait aussi dans la balance. Les garçons les plus extravertis — les plus appréciés par leurs pairs — s’en sortiraient en effet mieux, tout comme les filles plus introverties.
Les gains sont toutefois plus modestes chez les enfants présentant des problèmes psychologiques, des problèmes d’agressivité ou de grands retards scolaires. « Ces mesures aident la majorité, mais pour les cas particuliers, il faut intervenir rapidement. D’où l’importance d’un dépistage précoce pour soutenir les enfants à problème », souligne la chercheuse.
À l’heure des coupes
Cette nouvelle étude constitue, selon le philosophe de l’éducation, Normand Baillargeon, une belle leçon de philosophie politique. « En effet, elle apporte un éclairage intéressant, particulièrement en ce moment où l’on coupe beaucoup en éducation. Elle illustre le fait que l’école est la mieux placée pour réaliser l’égalité des chances et compenser les retards des enfants défavorisés. »
Les investissements en éducation spécialisés restent essentiels, particulièrement ceux à destination des enfants aux troubles d’attention et aux retards marqués, par l’entremise de services aux psychologues scolaires, orthopédagogues et éducateurs spécialisés.