René-Maxime Parent
Les chorégraphes Catherine Lafleur et Liliane Moussa ont opté pour une approche populaire de la danse contemporaine. Le programme double Fuck it ! et Finale au sol présenté du 6 au 8 janvier dans le cadre du festival Bouge d’ici, organisé au Théâtre MainLine, revisite la rébellion des années 1990 et le sport dans toute sa splendeur.
Le 11 février 1993, l’air salin macéré dans les sous-sols de la banlieue de Seattle a soufflé sur Montréal. La formation Nirvana a joué à l’Auditorium de Verdun. La chorégraphe Catherine Lafleur s’est inspirée du mouvement grunge pour monter Fuck it ! .
Au moment où les retardataires faisaient leur entrer dans la petite salle, le duo Mathieu Campeau et Émilie Morin se promenait un peu partout pour déranger, non pas comme des enfants turbulents, mais comme des adolescents qui se manifestent de manière enfantine.
Au centre, il n’y avait qu’un vieux matelas à ressorts, simple, bleu ciel avec des motifs floraux blancs. Un accessoire qui reflète le sentiment de se sentir « encabané ». Les interprètes ne portaient ni la veste de laine, ni les lunettes à monture foncée colmatée avec du ruban adhésif blanc, mais Emilie Morin portait les Converses. C’est surtout la musique qui nous remettait dans le bain. Loser de Beck ouvrait la voie aux classiques.
On a eu droit à la lourdeur de mouvement de ces jeunes qui essayent d’exprimer leur trop-plein à travers leur corps. Un physique jamais assez bien ajusté pour suivre le rythme de cette musique où la voix perce la distorsion. Avec Violet de Hole, l’énergie latente du fameux couple Love/Cobain a pris place.
L’étreinte rude suivant la voix mélodieuse et grinçante du chanteur des Smashing Pumpkins est attendrissante.
1, 2, 3,… 4
Un musicien d’Édimbourg, Drew McFayden a lancé sur le site Kickstarter un album en deux volumes de « musique secrète cosmique pour le programme olympique d’Allemagne de l’Est, 1972-1983 » en 2013. Ce canular de fausse musique des années 1970 démontre la place qu’occupe l’esprit sportif de l’époque dans notre imaginaire collectif.
« À quel point sommes-nous capables de nous construire une réalité qui nous engage démesurément à une cause aux conséquences futiles ? », lit-on dans le programme de Finale au sol. D’abord présentée au festival Fringe, la chorégraphie de Liliane Moussa met en scène quatre interprètes qui incarnent des sportives dans le cadre d’une épreuve dépourvue des éléments qui donnent du sens au sport : discipline, règles et compétition.
On ignore quel sport chacune d’entre elles pratique du début à la fin.
Arborant des maillots de spandex et de velours aux motifs « dynamiques » en « V », on a droit aux mimiques et aux mouvements que l’absence d’ordre rend dans toute son étrangeté. Le spectacle absurde nous balance entre la magnification des athlètes déterminés sur fond de musique électronique, et le rire.
Le tableau qui simule l’entraînement, la supervision d’un entraîneur sur son athlète est particulièrement très drôle.