Agence Science-Presse
Vous croyez que 2015 était une année étrange, côté météo ? Attachez-vous, 2016 pourrait être pire. Au moment d’écrire ces lignes, la chose n’est pas encore officiellement confirmée, mais 2015 aura probablement battu le record de l’année la plus chaude depuis que de telles données sont récoltées. Dix des douze mois ont vraisemblablement battu les records de leurs mois respectifs depuis le XIXe siècle.
Or, 2016 s’annonce déjà capable de battre le record de 2015! C’est ce qu’a annoncé le bureau météorologique britannique (MET) le 17 décembre.
Le tout dépendra de l’apport d’El Niño, une autre chose à surveiller pendant le premier semestre de 2016, mais les dernières semaines en donnent un avant-goût. Il est déjà tenu responsable d’une diminution inquiétante de la saison des pluies en Inde, des pires inondations en 50 ans dans plusieurs régions d’Amérique du Sud, il pourrait avoir atténué la saison des ouragans dans l’Atlantique tout en étant responsable des tornades qui ont frappé le Midwest américain et dont l’influence s’est fait sentir jusqu’en Arctique… El Niño serait aussi responsable des chaleurs inhabituelles qui ont marqué Noël, du Québec jusqu’à New York. Et toutes ces perturbations ne font que commencer, assure dans Slate le météorologue Eric Holthaus.
En ajoutant à la liste cette étonnante journée du 30 décembre où, au Pôle Nord, la température a été de 50 degrés au-dessus de la normale. Ce n’est pas une faute de frappe…
Pour la période allant de janvier à mars 2016, les météorologues américains voient quant à eux des températures plus chaudes que la normale sur une immense bande allant de la Californie jusqu’au Québec, et des précipitations accrues dans le sud, de la Californie jusqu’à la Floride. Le tout pourrait toutefois être contrebalancé en janvier par trois phénomènes intermittents moins connus, dont l’Oscillation de l’Atlantique Nord, capable de ralentir la progression du jet-stream et de renvoyer du coup vers l’Amérique l’air froid du Groenland.
Le comportement d’El Niño recoupe en tous points la dernière fois où il avait été aussi violent, soit en 1997-98, et les experts débattent encore de la possibilité qu’il soit encore plus fort. Mais record ou pas, c’est sa force qui conduit le MET à prédire qu’El Niño, version 2015-2016, pourrait être responsable à lui seul, lorsque l’année aura pris fin, de 0,2 degré de plus pour la température moyenne de l’ensemble de la planète. Si cette prévision s’avère exacte, 2016 pourrait amener la température moyenne à 1,1 degré au-dessus de la moyenne d’avant le XIXe siècle — alors que nous venons à peine de dépasser officiellement la barre du premier degré.
Effet El Niño ou effet du réchauffement causé par l’humain? Bien malin qui pourra distinguer l’un de l’autre en 2016. Cette question aussi fera partie des discussions, tout au long de l’année.