René-Maxime Parent
À partir du Costa Rica, les migrants vont prendre un avion jusqu’au El Salvador pour ensuite prendre un autobus qui traverse le Guatemala et le Mexique pour finalement arriver à destination, aux États-Unis. Après 44 jours de discussions, les autorités centraméricaines en sont venues à cet accord le 28 décembre.
Depuis 1966, la loi fédérale du Cuban Adjustment Act (CAA) a garanti la citoyenneté américaine à une foule de Cubains exempts de dossier judiciaire. La plupart vivent dans l’État de la Floride, une communauté organisée qui constitue un poids politique non négligeable lors des élections.
Par la suite, l’entente «pies secos, pies mojados » (pieds secs, pieds mouillés) a favorisé la dissidence du gouvernement « communiste » de l’île pendant la guerre froide. Chaque Cubain qui pose le pied en territoire américain reçoit la citoyenneté. S’il est repêché en mer, on le déporte dans un pays tiers. L’autre option envisageable est de faire un détour par la frontière mexicaine au milieu du désert.
Malgré les ajustements par les administrations des présidents Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama du statut particulier des immigrants cubains, 25 000 Cubains sans visa d’immigration se sont rendus aux États-Unis par la voie de la terre et de la mer en 2014, rapporte Susan Eckstein sur Reuters le 6 janvier 2015. Tandis que 40 000 immigrants cubains ont bénéficié des privilèges légaux combinés aux nouveaux accords bilatéraux du gouvernement du président Barack Obama pour la même année.
Pour l’année 2015, le nombre de Cubains qui a bénéficié de la loi spéciale concédée par Washington, après avoir posé le pied sur le territoire de l’aigle à tête blanche, s’élève à 13 000, estime le quotidien espagnol EL PAÍS du 20 décembre 2015.
Flux interrompu
Le 20 décembre, le gouvernement costaricien a estimé à 6000 le nombre de migrants immobilisés en son sol, d’après EL PAÍS. L’afflux commencé à la mi-novembre s’est poursuivi pour s’élever à 8000 migrants, d’après le quotidien costaricien La Nación du 29 décembre.
À la suite de la décision du Nicaragua de fermer la frontière sud de Peñas Blancas, les Cubains qui proviennent d’aussi loin que l’Équateur et qui ont traversé la Colombie et le Panama se sont trouvés bloqués au Costa Rica. Le gouvernement a investi des fonds pour les loger dans des auberges des régions nord-ouest d’Alajuela et du Guanacaste.
Après avoir convoqué le Sistema de Integración Centroamericana (SICA) formé des nations centraméricaines afin de trouver une solution au couloir migratoire, le Costa Rica a suspendu sa participation. Devant assurer seul la gestion des migrants en Amérique centrale, le gouvernement de ce pays a protesté contre le manque de solidarité des autres pays membres, dont le refus du Guatemala et du Bélize de prendre part aux discussions.
Les autorités en charge de l’immigration de Panama, El Salvador, Guatemala, Honduras, Mexique, Costa Rica et des délégués de la Organización Internacional para las Migraciones (OIM) en sont venu à l’accord, le 28 décembre, d’établir un pont humanitaire qui contourne le Nicaragua. Par contre, le gouvernement guatémaltèque a spécifié qu’il s’agit d’un projet pilote effectué pendant la première semaine du mois de janvier 2016. De son côté, le gouvernement costaricien a réitéré que son pays n’est pas en mesure d’accepter plus de migrants sur son territoire.
Bouchon
Pour des raisons humanitaires, le Costa Rica a accordé aux migrants en provenance du Panama un visa de transit d’une semaine leur laissant amplement le temps de traverser le petit pays de 50 000 km2. Rendu à la capitale, San José, les migrants ont pu se procurer un laissez-passer pour traverser la frontière nord de Peñas Blancas. Environ mille Nicaraguayens traversent cette zone tous les jours pour vivre et travailler au Costa Rica pour pallier le manque de travail dans leur pays.
Le gouvernement du Nicaragua a aussitôt accusé le Costa Rica de « violation de la souveraineté nationale » et a envoyé des officiels de l’armée à la frontière pour déporter les Cubains. « Ils nous ont tiré des gaz lacrymogènes, ils nous ont donné des coups, ils ont frappé les femmes enceintes, les enfants, ils nous ont maltraités, ils ont tiré des coups de feu. Nous avions besoin d’aide », explique une femme, rapporte EL PAÍSdu 17 novembre 2015. On a chiffré à 1100, le nombre de déportés en territoire costaricien.
Le président du Nicaragua, Daniel Ortega, demeure un allié fidèle du gouvernement de La Havane avec lequel il a renforci les relations diplomatiques depuis son retour au pouvoir en 2007.
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