Martin Prévost
Dans le cadre de l’an 2 de sa présentation de l’Intégrale des cantates de Bach, l’Ensemble I Musici de Montréal, présentait le 19 décembre dernier, les trois premières cantates de l’Oratorio de Noël, sous la houlette du chef Jean-Marie Zeitouni. Pour l’occasion, l’ensemble était augmenté d’une dizaine de musiciens invités et du Chœur du Studio de musique ancienne de Montréal et, pour les besoins de l’œuvre, de Kimy McLaren, soprano, Mireille Lebel, alto, Frédéric Antoun, ténor et Steven Labrie, baryton.
Premier et principal bémol, la scène de la Salle Bourgie du Musée des Beaux-arts de Montréal n’était pas assez grande pour accueillir tout ce beau monde. Les solistes ont donc dû être relégués derrière les violoncelles et ont dû se faufiler entre eux à chaque fois qu’ils devaient se présenter à l’avant pour dire leur récitatif ou entonner leur aria. Mais ce n’est pas seulement la scène qui ne suffisait pas à contenir les musiciens : la salle elle-même n’était pas assez grande pour la puissance combinée du chœur et des cordes, particulièrement dans le premier mouvement de la première cantate. Pendant quelques secondes, on a eu envie de faire diminuer le volume. Dommage.
Toujours lors du premier mouvement, les timbales ont pris durant un moment, presque toute la place, comme si elles étaient jouées pour la Maison symphonique et non pour la Salle Bourgie.
Une fois ces inconvénients mentionnés, soulignons quelques points forts de la soirée. Dès sa première apparition, l’alto Mireille Lebel, toujours aussi expressive, nous a montré que sa délicate stature ne l’empêchait pas d’avoir du coffre. En parlant de coffre, soulignons aussi celui du ténor Frédéric Antoun qui a prouvé qu’il était aussi à l’aise pour la musique de chambre que pour l’opéra : une véritable jeune première… qui a très bien mûri.
À plusieurs reprises, dans un travail d’équipe bien étayé, le chœur et l’orchestre ont montré une grande ampleur (sans nous assourdir) et une chaleureuse musicalité sous la baguette généreuse et aimable du chef Zeitouni. Nous avons d’ailleurs eu droit, dans le deuxième cantate, à un remarqué dialogue entre la flûte, l’alto et l’orchestre. Ce beau moment est survenu juste avant le 10e mouvement de la cantate lors duquel la partition a permis à Mireille Lebel de nous montrer un peu plus ce dont elle est capable. De quoi donner envie de la voir davantage en vedette.
En résumé, nous avons eu droit à un concert professionnel, avec quelques moment plus riches que d’autres, mais sans beaucoup d’émotion.