Après sa tournée très remarquée des festivals, parmi lesquels South by Southwest, Sundance et Fantasia, le grand public peut enfin voir le film Turbo Kid, disponible dès aujourd’hui en Blu-ray, DVD, et vidéo sur demande.
À part quelques rares exceptions (My Bloody Valentine, Dans le ventre du dragon, Screamers, Mars et Avril, etc.), le Québec ne réalise pas beaucoup de films de genre. La plupart du temps, on évoque les maigres budgets dont disposent les productions d’ici pour expliquer que nos cinéastes s’aventurent si peu hors des confins du réalisme. À ce titre, la sortie de Turbo Kid est réjouissante, puisque le long-métrage écrit et réalisé par François Simard, Anouk Whissell et Yoann-Karl Whissell prouve hors de tout doute qu’il est possible de créer de la science-fiction avec des moyens modestes, en autant d’avoir une bonne histoire à raconter, et beaucoup de personnalité.
Coproduit par le Canada et la Nouvelle-Zélande, Turbo Kid est une longue lettre d’amour aux films de série B des années 1980, écrit et réalisé par un trio qui connaît manifestement très bien le genre. Dans un monde post-apocalyptique où règne l’hiver nucléaire, un jeune survivant surnommé le Kid collectionne les vestiges de la civilisation, dont les bandes dessinées d’un certain Turbo Rider. Suite à la découverte du corps d’un soldat décédé durant la guerre et de son gant laser, le Kid marchera dans les traces de son superhéros préféré, afin de débarrasser ce désert inhospitalier de l’infâme Zeus et de sa bande de psychopathes.
Tourné au Québec, Turbo Kid compense son peu de moyens par une bonne dose d’imagination, et une direction artistique inventive. Les costumes, fabriqués à partir de casques de motos ou d’épaulettes de hockey, tout comme les armes un peu broche-à-foin, conviennent à merveille à cet univers post-apocalyptique jonché de détritus. Cette esthétique a valu au long-métrage d’être qualifié de « Mad Max en BMX », mais la comparaison néglige le ton bon enfant de l’œuvre, où le gore est tellement exagéré qu’il en devient comique. Le film assume également son côté kitsch à fond, jusque dans sa trame sonore nappée de synthétiseurs aux sonorités new wave.
Munro Chambers (Degrassi: The Next Generation) est sympathique et attachant dans la peau du jeune héros, mais au risque de tomber dans le chauvinisme, c’est la performance absolument déjantée de Laurence Leboeuf qui risque d’en étonner plus d’un. En lui confiant le rôle plus « fantaisiste » de la très étrange Apple, Turbo Kid permet en effet à l’actrice de montrer une autre facette de son talent. On peut parler d’un bon coup des réalisateurs d’avoir réussi à mettre la main sur Michael Ironside, un monument du cinéma de genre et un abonné aux rôles de durs à cuire, qui interprète ici Zeus, le vilain stéréotypé du film avec son œil de pirate.
L’édition DVD de Turbo Kid comprend la version anglaise et française du long-métrage sur un seul disque. Du côté des suppléments, on compte deux pistes de commentaires (une en anglais et l’autre en français) des créateurs François Simard, Anouk Whissell et Yoann-Karl Whissell, un making of de 23 minutes nous entraînant dans les coulisses du tournage, T is for Turbo, le court-métrage original de 5 minutes qui a servi de base au film, ainsi que la bande-annonce officielle.
Turbo Kid ne plaira peut-être pas à tous, mais si vous êtes du genre à apprécier The Warriors, Soylent Green, Mad Max ou Ultraman, le film de François Simard, Anouk Whissell et Yoann-Karl Whissell a été conçu spécialement pour vous.
7/10
Turbo Kid
Réalisation : François Simard, Anouk Whissell et Yoann-Karl Whissell
Scénario : François Simard, Anouk Whissell et Yoann-Karl Whissell
Avec : Munro Chambers, Laurence Leboeuf, Michael Ironside, Edwin Wright et Romano Orzari
Durée : 93 minutes
Format : DVD (1 disque)
Langue : Anglais et français