La police a régulièrement mauvaise presse: abus de pouvoir, utilisation disproportionnée de la force, réactions allant parfois à l’encontre du bon sens… On pourrait se demander qui ferait volontairement le choix de se placer entre le marteau et l’enclume, et devoir préserver la loi et l’ordre tout en essuyant les critiques, voire les quolibets ou même les attaques de la part de certaines personnes.
Pour mieux comprendre les motivations de ces futurs policiers, la réalisatrice Mélissa Beaudet présente Police académie, un documentaire portant sur trois jeunes suivant le parcours scolaire et professionnel menant à l’intégration des rangs des corps policiers de la province. Des techniques policières du cégep de Maisonneuve aux rues des villes du Québec, avec le détour obligatoire par Nicolet, le parcours est loin d’être aisé, et ce ne sont certainement pas tous les candidats qui réussiront.
Le film, intimiste par moments, effectue un bon travail pour révéler que, contrairement aux critiques souvent formulées envers les policiers, tous ne sont pas issus du même moule. L’un est plus âgé, et a demandé plusieurs fois à entrer dans le programme. L’autre se la joue un peu gros bras, disant avoir été influencé par les superhéros de son enfance pour « casser du méchant ». La troisième, enfin, est fille de policier, et reprendra ainsi le flambeau familial.
Bien sûr, ces gens sont humains, capables de manifester des émotions. L’un d’entre eux va d’ailleurs le souligner: la nouvelle génération n’est plus comme la vieille garde. Plus question de trouver des gens embauchés uniquement parce qu’ils sont grands et costauds. De fait, les étudiants à Maisonneuve semblent être davantage capable de réfléchir avant de sortir la matraque ou de dégainer leur arme de service. Cela ne veut cependant pas dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. La dualité, voire même l’affrontement constant entre la liberté de la population et la nécessité de protéger cette même population est un conflit qui persiste depuis les premières instances des services d’ordre au sein des civilisations humaines, et la marche vers la modernité n’a fait que multiplier les facteurs à considérer lorsque vient le temps d’évaluer le travail des policiers.
Ironiquement, les aspects les plus importants du documentaire sont peu ou pas montrés à l’écran. Certes, on y aborde la question de la désillusion des policiers, qui en pousse certains à démissionner, mais d’autres à relâcher leur vigilance, voire même à commettre eux-mêmes des gestes criminels. Mais ce sujet aurait mérité un documentaire à lui seul, pas seulement quelques minutes. On ne se penche aussi qu’extrêmement brièvement sur le sujet de la maladie mentale, un aspect de la formation qui est pourtant appelé à servir toujours davantage, y compris dans des grandes villes comme Montréal. L’un des candidats, alors en formation à Nicolet, va d’ailleurs déploré que cet aspect de l’entraînement fasse l’objet d’une seule journée d’apprentissage.
Police académie est un bon documentaire. Incomplet, peut-être, mais qui mérite l’attention de la population en général, alors que l’ampleur et l’utilisation des pouvoirs policiers continuent de faire l’objet de débats de société. À la suite de la fermeture de l’Excentris, le Cinéma Beaubien présente le documentaire. Il passera aussi à la télé en janvier prochain.