Le 26 novembre dernier, à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau, on attendait la vedette du moment dans le petit monde de la musique classique au Québec, le pianiste Charles Richard-Hamelin, pour un récital tout Chopin. Et comme si c’était nécessaire, Françoise Davoine, animatrice à Radio-Canada, était là pour réchauffer la salle et nous redire à quel point le jeune et très talentueux pianiste faisait maintenant sensation à travers le monde et particulièrement en Pologne, patrie du génial compositeur.
Après avoir remporté la médaille d’argent au XVIIe Concours international de piano Frédéric-Chopin, il allait de soi que M. Richard-Hamelin offre au public montréalais un programme tout Chopin :
Nocturne no. 1 en si majeur, Op. 62;
Balade no. 3 en la bémol majeur, Op. 47;
Polonaise-fantaisie en la bémol majeur, Op. 61;
Introduction et Rondo en mi bémol majeur, Op. 16;
Quatre Mazurkas, Op. 33 et
Sonate no. 3 en si mineur, Op. 58.
Dès le Nocturne, Richard-Hamelin nous montre qu’il sait exiger d’une table d’harmonie qu’elle donne tout ce qu’elle a. Ainsi, après seulement quelques minutes d’interprétation on pourrait dire du pianiste qu’il ne joue pas seulement du piano, mais qu’il joue aussi avec le piano. Ce serait être en deçà de la réalité. En fait, Charles Richard-Hamelin s’amuse littéralement avec Chopin.
Au cœur de la Balade, c’est un magnifique dialogue qu’il nous est donné d’entendre entre la main droite et la main gauche de l’artiste. Une telle clarté et une telle vélocité nous font nous demander où diable se cache le deuxième pianiste ?
Toujours aussi véloce, mais aussi très émotive, l’interprétation de la Polonaise-fantaisie a laissé monter sur scène les fantômes de danseurs de l’ombre qui nous ont poursuivis dans les coins sombres de nos cœurs.
Mais trêve de tristesse, car voilà l’Introduction et Rondo que l’artiste nous sert avec entrain et toujours sur rythme bien rapide qui caractérise jusqu’à présent la manière Richard-Hamelin.
Après l’entracte, avec la première des mazurkas, le public a droit, sans doute, aux relents d’enfance du pianiste qui fait preuve ici d’une agréable légèreté. Mais cette légèreté est suivie, dans la seconde mazurka, du premier bémol que j’ai trouvé à ce récital : un peu de confusion. C’est là le seul moment où le choix de la grande vélocité a semblé jouer un tour au superbe pianiste. L’autre bémol ne lui appartient pas : c’est le piano qui n’était pas à la hauteur, avec un son trop métallique.
Pour terminer cette prestation remarquable, un sans-faute pour la Sonate et un joli Nocturne en mi majeur pour le rappel. Ces derniers temps, on a crié au génie en parlant de Charles Richard-Hamelin. Peut-être a-t-on raison.