« Mais qu’a-t-on bien pu leur offrir? » est probablement la question la plus instantanée qui vient en tête lors du supplice qu’on ressent lors de l’écoute de Love the Coopers, énième tentative de faire vivre l’ambiance des fêtes au grand écran à l’aide d’une distribution de premier ordre. L’ensemble s’avère si pathétique et pitoyable qu’on ne peut que se désoler de voir autant d’acteurs savoureux se réduire en miettes pendant qu’Hollywood le vilain les massacre dans une maison en pain d’épice si mal construite qu’elle menace de s’écrouler à tout instant.
Les films thématiques ne sont pas une coutume nouvelle, mais elle n’est pas toujours gagnante. Si des films comme Love Actually et The Family Stone valent leur certain pesant d’or, le premier étant un classique assuré pour une majorité imposante, il y a des échecs plus probants comme les lamentables Valentine’s Day et son successeur New Year’s Eve qui, avec surprise, a réussi à faire encore pire.
Le problème avec Love the Coopers c’est l’arnaque qu’il met maladroitement en scène. Sa prémisse est la même qu’on a vu maintes et maintes foi et ça, on était prêt à l’accepter, soit la famille dysfonctionnelle qui s’apprête à se retrouver, mais dont le désastre tarde à se pointer. Et alors qu’on s’attend à un festin de gags entre le douteux et l’hilarant, surtout avec une distribution qui réunit notamment John Goodman, Diane Keaton, Ed Helms, Amanda Seyfried, Alan Arkin, un inattendu Steve Martin et l’irrésistible June Squibb dont on ne profite jamais, c’est le drame qu’on s’efforce constamment de remettre de l’avant.
Bien sûr, on pouvait prévoir un peu de manipulation émotionnelle de la part de Jessie Nelson, la réalisatrice derrière I Am Sam, mais franchement pas à ce déversement pénible de frustrations, de colère et de dialogues tellement prononcé que chaque mot semble être une bouchée de hors-d’œuvre fourrée à la morale douteuse qu’on veut nous enfoncer au fond de la gorge. Entre la mélancolie exagérée, la solitude, la jalousie, le divorce, le chômage, l’homosexualité refoulée et toute une panoplie interminable de thèmes conservateurs qui passent leur temps à nous imploser métaphoriquement ou littéralement (il faut voir les effets spéciaux ridicules pour les croire) sous les yeux, disons qu’il reste bien peu de place à la magie et l’amour, n’en déplaise à quelques bisous forcés et moments dansants humiliants.
À cela, il faut admettre que pour l’oreille, si l’on oublie ces variations instrumentales inquiétantes des classiques des fêtes que le talentueux compositeur Nick Urata essaie d’étouffer dans des créations personnelles plus inspirées, le long-métrage a droit à une trame sonore qui ne manque pas de belles trouvailles. Alors que la splendide White Winter Hymnal de Fleet Foxes ouvre le film, on peut également attendre du Nina Simone, du Otis Redding et du Bob Dylan dans le lot, ce qui est toutefois bien peu pour pardonner les incorrigibles maladresses que l’effort exhibe du début jusqu’à sa toute fin qui cachera une surprise de taille quant à la nature de l’envahissante narration..!
Ralentis, fantômes qui disparaissent, confrontations visuelles du passé et du présent avec des personnages qui doivent interagir avec les interprètes d’une version antérieure d’eux-mêmes, montage hyperactif, effets dignes d’un court-métrage de cinéma au secondaire et des clichés qui ne font plus leur époque (bien sûr le personnage le plus âgé a seulement droit à des souvenirs usés et en noir et blanc!) sont au rendez-vous. Reste alors bien peu à sauver de tout cela alors qu’on peine à trouver un volet de ce film choral qui a un tant soit peu d’intérêt.
Puisque oui, il y a bien peu de scènes où tous sont réunis comme on s’entête à superficiellement travailler le destin actuel de chaque personnage, leur quête précise et leurs motivations s’il y a lieu. Si ce n’est certainement pas le duo complètement raté composé de Marisa Tomei et Anthony Mackie qui attira notre attention, on réussira pratiquement à ressentir un petit je-ne-sais-quoi pour les yeux irrésistiblement verts de Olivia Wilde et son idylle d’un soir avec Jake Lacy, mais encore là, ce sera simplement pour dire.
Love the Coopers est donc un échec cuisant. Un film tellement ridicule, ennuyant et choquant qu’on veut l’oublier au plus vite, ce, malgré les éclats de rire qu’il nous aura procuré, la torture devenue rapidement insupportable avant la fin. Comme un faux cadeau qu’on n’avait jamais demandé, vraiment, cette fois, vous n’auriez vraiment, mais vraiment pas dû.
4/10
Love the Coopers prend l’affiche ce vendredi 13 (!) novembre