L’explosion de la plateforme Deepwater Horizon de British Petroleum (BP) le 20 avril 2010 a répandu 4,9 millions de barils de pétrole dans le golfe du Mexique. Si la crevette cajun voit noir depuis, c’est moins parce qu’elle se trouve enduite de bitume que sa génétique subit les effets du Corexit. Certaines naissent sans yeux et d’autres ont de petites tumeurs.
Au large de La Nouvelle-Orléans, afin d’éviter la formation de nappes de pétrole en surface, BP a déversé 45 238 barils de Corexit. Ce produit chimique émulsionne le pétrole pour qu’il reste en suspension dans l’eau. Chargé de pétrole, ce dispersant se dépose au fond de l’océan dû à sa densité. La boue où se reproduisent les crevettes s’en trouve polluée, rapporte Le Monde diplomatique d’octobre.
« Je pêche un dixième de la quantité habituelle et devinez ce qu’ils veulent que j’en fasse: les regarder ! », affirme le crevettier Burt Knight par rapport aux mises en garde des scientifiques.
Les crevettiers jettent leurs filets à l’eau et leur peau est éclaboussée par l’eau des filets. Maux de tête aveuglants, pertes de mémoire, palpitations cardiaques, lésions internes, gonflement du foie et lésions de la peau sont les effets que la toxicologue du golfe du Mexique Dr Susan Shaw a observé auprès des pêcheurs de la zone, lit-on sur globalresearch.org.
Le mélange chimique utilisé par BP contient du Corexit 9527A et 9500A fabriqués par la compagnie Nalco basée dans l’État de l’Illinois, rapporte le magazine Mother Jones dans son numéro de septembre/octobre 2010. Sous pression, Nalco a rendu publique la liste des ingrédients du Corexit dont le second en importance est le butoxyethanol, un produit chimique qui peut causer des dommages au foie et aux reins et d’autres problèmes de santé. Par contre, Nalco a refusé de donner la formule exacte à la United States Environmental Protection Agency (EPA).
« Nous vivons dans un monde où nous prenons une décision difficile basée sur peu de preuves scientifiques », affirme l’administratrice de l’EPA, Lisa Jackson à la presse le 24 mai 2010 pour justifier la poursuite du déversement de Corexit. L’EPA et la garde côtière ont demandé à BP de réduire le déversement du produit chimique, mais en réalité la garde côtière a coordonné et approuvée en avant-plan presque toutes les demandes de BP.
« Un an après le renversement de la plateforme, nous n’avons pas avancé dans l’estimation des dommages réels sur nos pêches, sur la faune, sur la côte et sur les ressources naturelles », a affirmé le sénateur républicain de la Louisiane, David Vitter dans une conférence de presse, rapporte El País le 19 avril 2011. La marée noire a suivi la trajectoire des pêcheurs jusqu’à l’embouchure du fleuve Mississippi où on trouve de grandes réserves de crevettes et d’huîtres, d’après les données de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA).
La marée noire n’atteint pas la rive étant donné que le Corexit maintient le pétrole sous l’eau, ce qui préserve les plages et protège autant les mammifères que les oiseaux du bitume. Dans cet ordre d’idées, il ne reste plus qu’à dompter les oiseaux pour qu’ils restent au sol et qu’ils ne s’alimentent pas dans la mer. Ça risque d’être compliqué avec les pélicans, par exemple. Cet oiseau aquatique qui figure sur le drapeau de l’État de la Louisiane.
« On demande un moratoire, parce que c’est une question de prudence. Il est essentiel pour nous de ne pas agir dans l’urgence, c’est ce que les gouvernements font actuellement. (…) Il faut prendre une décision éclairée, une décision respectueuse aussi », affirme la juriste et cofondatrice de la Coalition Saint-Laurent, Danielle Giroux, au sujet des projets de forages dans la zone du golfe Saint-Laurent.
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