À travers les carcasses de voitures qui envahissent maintenant le ciné-parc de son enfance, Pierre-Yves Beauregard règle ses comptes avec le fantôme de son vieux cowboy de père et tente de se défaire de la présence envahissante de cet homme, mort gelé, un soir de janvier 2010. Incursion dans la tête d’un personnage en quête de repères.
Alliage d’images et de sons percutants, de poésie, de projections et d’ombres chinoises savantes, La morsure de l’ange laisse une belle place au théâtre visuel préconisé par la compagnie Théâtre Incliné – fondée par José Babin en 1991. Au cœur d’un univers visuel et sonore éclaté, l’acteur joue avec la matière pendant que, devant lui, le spectateur assemble tous les morceaux pour reconstituer la pensée, les souvenirs – bons ou mauvais – du fils blessé.
Ainsi, pendant une heure, on assiste à un ballet poétique sur toile de fond western déglinguée entre le fils (Denys Lefebvre, touchant), le père (un mannequin, magnifiquement conçu par Guy Fortin) et son double (Alain Lavallée, en cowboy débarqué d’une autre époque). Tantôt le texte devient matière, tantôt la matière devient texte… et heureusement, la facture est belle.
Toutefois, si on trouve l’amalgame d’images et de sons très réussi, on cherche – et on espère trouver – tout au long du spectacle le « je ne sais quoi » (difficile à cerner) qui nous touchera véritablement. Malheureusement, on n’y arrive pas, car il se dégage du récit une froideur qui empêche de s’attacher ou de s’identifier au personnage principal. L’ombre et la lumière omniprésentes des personnages font impression et enveloppent, mais l’émotion n’est pas au rendez-vous. Dommage. La morsure de l’ange vaut quand même le déplacement pour son esthétisme sans faille.
La pièce est présentée au théâtre l’Espace Go, du 20 au 24 octobre.