Cindy Leclair
Le Brésil était à l’honneur ce week-end à la Place des Arts avec la troupe de danse moderne Grupo Corpo, invitée par la série Danse Danse. Le chorégraphe Rodrigo Pederneiras présentait en effet deux de ses œuvres Parabelo (1997) et Breu (2007).
La première pièce faisait la part belle aux couleurs chaudes et aux rythmes plus traditionnels, tout en présentant des duos, trios et ensembles dansés aux mouvements contemporains. La trame sonore des symboles de la musique du pays Tom Zé et José Miguel Wisnik, ainsi que les chants et rythmes folkloriques renforçaient le caractère typiquement brésilien de la pièce. Selon le créateur c’est son œuvre «la plus brésilienne et la plus régionale». La scénographie soulignait aussi cette ambiance et présentait d’immenses peintures de personnages dévots rappelant les photos accompagnant les offrandes et les fleurs dans les églises latino-américaines.
La deuxième pièce présentée par la troupe, Breu était beaucoup plus violente d’abord musicalement, avec des sons rocks et des bruitages ; ensuite par les mouvements des danseurs qui débutaient au sol, en créant des soubresauts de groupes comme des âmes possédées par une force obscure. Les costumes faits de tissus réfléchissants noirs et blancs géométriques créent eux aussi des effets puissants lorsque toute la troupe se retrouve sur scène.
Les deux ensembles créent en générale de beaux mouvements de masse. La danse est cependant peu nuancée tout au long des deux pièces d’une quarantaine de minutes chacune, à l’exception de quelques duos et trios isolés. La gestuelle est parfois impersonnelle, et à la façon de Merce Cunningham les mouvements sont très découpés. Les deux pièces sont avant tout axées sur la scénographie et il se dégage quelques fois un flou des tableaux créés par les différents danseurs qui se détachent de la masse sans apporter à l’esthétique totale. Ce sont quand même deux morceaux très intéressants pour tout amateur de danse contemporaine.