Promettre sans livrer, voilà le constat qui ressort de la lecture de Fol Allié, le nouveau roman de Patrick Dion. Si l’Internet bruissait de rumeurs et de félicitations pré-publication en raison de la popularité de l’auteur dans les médias électroniques et sur la Toile, force est de constater que les talents d’écrivain de ce dernier n’égalent malheureusement pas sa virtuosité sur le Web.
Récit d’un homme au coeur brisé, d’un homme dont l’amour de sa vie est parti – et qui par conséquent a tout perdu. Morcelé entre sa peine d’amour et le souvenir de son père alcoolique dont il a hérité les mauvais traits de caractère, Éric erre dans l’existence comme un navire à la dérive. Au fil des pages, il s’enfonce un peu plus dans la déprime et le désespoir, sans pouvoir s’en sortir.
Si la structure narrative particulière du roman, partagée entre des retours en arrière et des séquences de dialogue à sens unique avec Alex, un ami d’Éric, attire le lecteur au premier coup d’oeil, la formule finit par faire long feu, tout simplement parce que le scénario du livre ne dépasse jamais l’apitoiement du protagoniste principal. De déprimé et dévasté, il le demeure pour l’intégralité du roman, dialoguant avec lui-même dans une spirale de malheur. On a rapidement l’impression que le livre en entier pourrait constituer la première partie d’un roman plus long, plus achevé, d’un bouquin présentant une véritable évolution au niveau du scénario. Scénario qui, autrement, demeure faible jusqu’à la fin.
Patrick Dion termine d’ailleurs son histoire avec un procédé si éculé qu’on peut se demander s’il s’agit d’une blague. Alors que le personnage principal semble trouver une voie en-dehors de son malheur, on nous sert un équivalent du et soudain, il se réveilla, un cliché tellement usé qu’on a l’impression que l’auteur manquait de temps et devait absolument ajouter deux pages à son livre.
Fol Allié pourrait intéresser les amateurs de Patrick Dion qui a sans doute puisé dans sa propre vie pour la coucher sur papier. Mais cela ne vous empêchera pas d’avoir l’impression que ce premier opus est incomplet, voire même bâclé à certains endroits.
À voir, cependant, la bande-annonce du livre, impeccablement réalisée. Peut-être aurait-on dû en faire directement un film?