Cindy Leclair
Pour sa première pièce de l’année chinoise du tigre, Les Grands Ballets Canadiens de Montréal ont reçu le 18 février le ballet de Guangzhou représentant leur Sylphide en première nord-américaine.
Ballet romantique par excellence, La Sylphide a vue le jour en 1832 et a révolutionné le monde gréco-romain de la danse classique de l’époque. Elle est l’initiatrice des ballets amoureux de la fin du dix-neuvième siècle, tel Giselle, peuplés de nymphes et autres créatures de rêves.
Remise au goût du jour par Pierre Lacotte et montée à l’opéra de Paris en 1971 après sa découverte non moins romantique dans les caves du Louvre, de documents d’origines de la main de l’auteur italien Filippo Taglioni.
Le conte se déroulant en Écosse, le corps de ballet de Guangzhou s’était paré hier de ses plus beaux tartans rouges et verts dans le premier acte pour présenter l’histoire du triangle amoureux de James, de sa fiancée Effie et de l’esprit ailé nommée la Sylphide qui empêchera leur mariage.
Le jeu des danseurs, quelques fois maniéré – rappelons que La Sylphide découle de la tradition du ballet pantomime – est un peu répétitif et caricatural dans le premier acte, mais prend son envol, et ce littéralement grâce aux ingénieux systèmes de poulies du théâtre Maisonneuve, lors du deuxième acte. On passe alors de la triste chaumière écossaise qui semblait étouffer le corps de ballet à un espace scénique beaucoup plus dégagé qui laisse l’imagination du spectateur flotter dans un décor verdoyant. C’est d’ailleurs lors de cet acte que se déploie le corps de ballet féminin dans ses magnifiques tutus de mousseline blanche, costume maintenant familier aux amateurs de pointes mais qui, rappelons-le, avait été créé en 1832 pour montrer le caractère pur et éthéré de la première Sylphide.
Ce ballet assez technique somme toute, demandant des mouvements de batterie (battement rapide des jambes pendant un saut) récurrents de la part du premier rôle masculin et une légèreté de mouvement extrême de la première ballerine, a été exécuté par le ballet chinois d’une façon exemplaire.
Même si l’absence de jeu à caractère plus émotif et les nombreuses pauses pour accueillir les saluts bas des danseurs en pleine représentation ont pu déstabiliser quelque peu le public d’abonnés des Grands Ballets de Gradimir Pankov, habitués à une plus grande modestie face aux applaudissements et à une plus grande générosité de sentiments de la part des danseurs des Grands, la représentation du ballet chinois était très intéressante et valait le déplacement.
La Sylphide du ballet chinois de Guangzhou est présentée le 19 et le 20 février 2010 au théâtre Maisonneuve de la Place des Arts.