Daphné Brouillet
Tous les premiers vendredis du mois, le Musée d’art contemporain organise ses « Vendredis nocturnes », occasion de s’imprégner d’art et de cocktails de toutes formes.
Ces 5 à 9, qui combinent prestations musicales, accès aux expositions et service de bar et flair permettent d’explorer la sphère contemporaine dans un contexte singulier. Rendez-vous branché pour voir et se faire voir? Certes, surtout qu’on a amplement le temps d’observer la faune environnante dans les longues et multiples files d’attente : pour les billets, le vestiaire, le bar, et même pour la salle de spectacle, qui ne peut accueillir tous les visiteurs, les derniers devant se contenter d’écrans diffusant le spectacle d’une heure dans le hall. La soirée du 5 février dernier, mettant en vedette une brochette d’artistes canadiens, en valait toutefois la peine. Le menu complet étant trop copieux, en voici un survol.
Côté musique, le groupe montréalais Land of Talk a offert une performance inspirée. Malgré quelques problèmes de retour de son, Elizabeth Powell, la chanteuse, guitariste et leader a su charmer l’auditoire avec sa voix enjôleuse, posée sur une trame indie-rock aux accents folk, rappelant par moments PJ Harvey. Seule déception, les projections plutôt ordinaires que l’on pouvait entrevoir lorsqu’elles n’étaient pas voilées par l’éclairage.
Côté exposition, la plus marquante est certainement celle de l’artiste multidisciplinaire originaire de Winnipeg, Marcel Dzama, intitulée Of Many Turns. La première salle frappe immédiatement, avec ses vitrines macabres, composées entre autres de Pinocchios machiavéliques, chauves-souris, et même d’un pendu, qui scintillent dans une pièce plongée dans l’obscurité. De retour à la lumière, violence, érotisme et nostalgie continuent à s’entremêler dans des œuvres aux palettes austères (beaucoup de kaki, bourgogne, brun et grège). Les scènes de ballet militaire, dans lesquelles des soldats munis de baïonnettes font des arabesques, ou celles de torture, s’apparentent un peu, tant sur les plans plastique qu’iconique, aux armées sanguinaires illustrées par Henri Darger, une figure prédominante de l’Art brut, dans sa saga des Vivian Girls.
Pour avoir une idée rapide de l’esthétique de Dzama, il suffit tout simplement de fouiller un peu dans la pile de disques. Si Guero de Beck traîne quelque part; vous avez devant vous un échantillon de ce qui fait maintenant courir les amateurs d’art!
Marcel Dzama, avec Étienne Zack et Luanne Martineau, du 4 février au 25 avril au MAC.