L’organisation Chiropratique sans frontières présentait hier son documentaire Allo la Terre, j’ai pas de frontières, dans lequel trois jeunes filles tiennent le rôle de journalistes commentant une mission humanitaire d’étudiants en médecine chiropratique en Bolivie. Si le concept peut plaire aux représentants de la profession, il ne trouvera hélas que peu d’écho auprès des citoyens ordinaires.
Une foule vendue d’avance est toujours mauvaise conseillère pour juger de la qualité d’un événement, encore plus quand il est question d’un film. Cette production, à laquelle le qualificatif « documentaire » ne peut être apposé qu’à défaut d’y accoler un genre plus spécifique, souffre malheureusement d’un désir d’agglomérer trop de styles cinématographiques différents. Pourtant, au départ, l’idée semble bonne; envoyer de (très) jeunes journalistes suivre une équipe de chiropraticiens dans une mission humanitaire en Bolivie afin de documenter ce type d’expédition qui passe souvent inaperçu aux yeux de la presse. On peut facilement imaginer des entrevues avec des praticiens, des comptes-rendus des expériences vécues et autres semi-reportages montés dans un film d’une heure, une heure trente.
Il n’en est malheureusement rien. Ou si peu. Allo la Terre, j’ai pas de frontières tient davantage du vidéo souvenir familial que du véritable documentaire. Les jeunes filles, formées comme des « journalistes sans frontières » – et les guillemets ne sont pas de trop – font plutôt étalage de commentaires personnels sur leurs expériences dans ce petit coin d’Amérique latine. Pour le reste, le spectateur a droit à quelques belles images, quelques questions à saveur journalistique, et un récit de voyage.
Pourtant, le concept à la base du film est intéressant; toutefois, on valse entre le pseudo-documentaire où l’on apprend pas grand chose sur la culture et l’histoire locale et le récit familial qui faisait s’esclaffer de rire l’assistance à quelques moments. Il n’est pas question de se plonger au coeur de la culture bolivienne, cela aurait mérité bien plus qu’un film d’une heure, mais on dirait que les jeunes filles racontent leur journée au musée, sans plus.
L’aspect humanitaire est également trop occulté dans le film. Des entrevues avec des médecins locaux, des statistiques sur les problèmes lombaires et musculaires des populations sud-américaines, des comparaisons avec le Québec auraient été appréciées.
En conclusion, Allo la Terre, j’ai pas de frontière ressemble fort au genre de film dont ceux qui y ont participé, de près ou de loin, sont fiers, mais le spectateur lambda n’y trouvera que très peu son compte.