Un an aujourd’hui. Un an que les journalistes du Journal de Montréal sont en lock-out. Devant une situation qui semble inextricable, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec a, par la voix de son président Brian Myles, décidé d’agir et d’interpeller le premier ministre sur la question.
«Nous ne demandons pas à Jean Charest de voter une loi spéciale, explique d’ailleurs M. Myles par téléphone. Nous voulons qu’il intervienne dans cette négociation sclérosée.» Rappelant qu’une motion votée le 24 novembre dernier par l’Assemblée nationale était restée lettre morte auprès de Quebecor, il souhaite que le chef de l’État québécois «aide à graisser les rouages des discussions» entre les patrons de l’empire Péladeau et les syndiqués.
Le président de la FPJQ est cependant très clair : la Fédération n’incline envers aucune des parties concernées. «Nous ne sommes pas une organisation patronale ni un substitut au syndicat, nous nous intéressons seulement aux grands principes du journalisme, soit la rigueur, l’indépendance et la qualité de l’information.»
La manière d’agir de Quebecor au niveau du journalisme «est un danger pour les citoyens et pour l’ensemble de la profession», puisque le fait d’utiliser l’agence QMI partout est «un risque que l’information soit présentée de la même façon dans tous les médias», ce qui équivaudrait à «se tirer dans le pied», explique Brian Myles.
Dans la lettre publiée sur le site de la FPJQ, on y souligne, entre autres, que «les enjeux sous-jacents sont trop importants pour que la situation perdure». Mais après un an de lock-out, un site Web – RueFrontenac.com – lancé par les syndiqués, site qui gagne constamment en crédibilité et en popularité, et un durcissement de la position patronale, peut-on espérer un retour à la normale? Les parties sont «condamnées à s’entendre, affirme Brian Myles. Ne reste à déterminer ce sur quoi elles seront d’accord et quand elles le seront».
Le président de la FPJQ refuse également de commenter les effets du lock-out, mais constate que le modèle mis de l’avant par le patronat transforme la façon d’informer le citoyen. Pour le meilleur ou pour le pire? Encore une fois, pas de prise de position de la part de la Fédération.
Entre-temps, Brian Myles souhaite que la situation se règle rapidement. «Les journalistes des autres médias de Quebecor sont pris en otage dans ce conflit. On leur fait un procès d’intention, et ils portent l’odieux de la publication de leur matériel, même si ce n’est pas de leur faute», conclut-il.