Massive Attack, le mythique groupe de Bristol, lancera son nouvel album intitulé Heligoland le 9 février.
Je ne me prétends pas un expert en trip-hop, loin de là. Il n’en demeure pas moins que le prochain album de Massive Attack mérite d’être entendu.
Tout d’abord, un point de repère. Massive Attack est l’un de ces groupes mythiques fortement liés à l’émergence du mouvement trip-hop au début des années 1990. Et pas n’importe où. C’est à Bristol, en Angleterre, que le mouvement est né. Ce Bristol Sound est aussi fortement lié à l’émergence du groupe Portishead durant la même époque, groupe que l’on surnomme souvent les inventeurs du genre. Trip hop pour hip-hop électronique. En effet, on parle alors d’une dose de percussions profondes inscrites dans un rythme orienté vers le rock progressiste, sous des voix éthérées parfois rappeuses, parfois larmoyantes. Le genre eut ses adeptes lors de cette dernière décennie donc, mais il disparu tranquillement, tenu en vie par la légende. Plus récemment, le groupe Archive s’en montra également un digne successeur.
En amorçant cette nouvelle décennie, Massive Attack revient en force après une absence de sept ans. Sept ans dans l’industrie de la musique, c’est énorme. Ce serait à dire que le trip-hop prend son temps à produire, Portishead ayant aussi fait patienter ses fans plus de trois ans. N’empêche que la flamme trip-hop se sera tarie depuis… Toutefois, ce nouvel album, Heligoland, fait plaisir à entendre et pourrait bien relancer l’engouement. Après le triomphe de Mezzanine (1998), un album que tout amateur de musique contemporaine se devrait d’écouter au moins une fois dans sa vie, et 100th Windows (2003) qui était un digne successeur, Heligoland n’a pas non plus perdu la main. Au contraire.
L’album réunit une panoplie de musiciens invités et produit une galette relativement cohérente dans l’ensemble. Le guitariste de Portishead s’y prête même au jeu. Ne pas s’y méprendre; on est loin, et même très loin du chef d’œuvre de Mezzanine, mais quelques pièces sont bienvenues. Je pense entre autres à Pray For Rain avec la voix de Tunde Adebimpe (TV on the Radio) qui ressemble à une pièce des Dears, ou encore Girl I love You qui sont de (très) dignes successeurs à 100th Windows.
La plupart des pièces mettent l’accent sur la voix plutôt que sur certains rythmes électroniques plus traînant comme dans 100th Windows. Il y aurait eu place à s’étendre dans cette direction. Laisser planer l’auditeur vers certains solos exclusivement électroniques. Malheureusement les pièces sont courtes, anormal pour ce genre musical, et donc semblent taillées dans un carcan commercial. C’est dommage, car la cohérence fonctionne, mais est bien fragile au sein de ce nouvel album.
Il est toutefois bienvenu de revoir ces pionniers de retour au devant de la scène, ce qui devrait se traduire dans une tournée mondiale. Massive Attack en concert c’est une toute autre histoire !
3/5