L’Orchestre symphonique de Montréal ouvrait hier sa saison 2010 avec un programme enchanteur. Sous la direction de Roberto Minczuk, les musiciens de l’OSM – et un jeune prodige de 14 ans – ont de nouveau empli la salle Wilfrid-Pelletier de notes cristallines et pures.
Décidément, la musique classique n’a rien à envier aux sonorités contemporaines; autant un spectateur dansera sur du rock ou de la musique électronique, vibrant sur les rythmes sourds, autant celui qui prend place dans un fauteuil lors d’un concert de l’OSM sera transporté par la fluidité et la richesse d’une mélodie parfaitement exécutée. C’est exactement ce que la troupe de Kent Nagano avait à offrir, hier, à la Place-des-Arts. Une machine huilée à la perfection, faisant sans effort s’évader le public.
Le tout débuta avec un morceau du compositeur Andrew Staniland, Two Movements for Orchestra. Pièce relativement complexe, aux détours mélodiques pratiquement tortueux, Two Movements for Orchestra avait une sonorité résolument moderne, une construction auditive plus torturée que certains grands classiques du répertoire. Pas assez, cependant, pour dérouter une oreille non-avertie, mais suffisamment pour éveiller l’attention des spectateurs.
Suivait ensuite le Concerto no 1 de Chopin, en mi mineur, opus 11. Outre la facture classique tout de suite reconnaissable, une utilisation accrue des cordes donnait un ton légèrement mélancolique à l’ensemble. Il ne faut cependant pas passer sous silence la présence, au piano, de Jan Lisiecki. Plus jeune gagnant du Concours OSM Standard Life, le jeune virtuose de 14 ans a littéralement volé la vedette, ses doigts volant au-dessus des touches dans un ahurissant maelström musical. La crinière blonde rendue pratiquement blanche sous les rayons des projecteurs, Lisiecki semblait lui-même émettre la musique qu’il produisait en jouant. La foule l’a d’ailleurs ovationné deux fois.
Par la suite, la Symphonie no 104 en ré majeur « Londres », Hob 1/104 de Joseph Haydn a poursuivi dans la même veine mélodique de Chopin. Toujours très bien interprété par les musiciens de l’OSM, certes, mais sur un rythme peut-être un peu trop semblable à celui suivi pour Chopin.
Vint finalement la grande finale, l’Opus 59 du Chevalier à la rose de Richard Strauss. Tranchant avec le reste du programme de la soirée en attaquant de plein fouet, rivant le spectateur à son siège. L’orchestre était d’ailleurs à nouveau réuni au complet, ce qui donnait une force supplémentaire à la mélodie. Un son puissant, un rythme constant, un traitement efficace, Strauss était tout indiqué pour finir la soirée sur une bonne note – sans jeu de mots.
Seul reproche possible pour le concert d’hier soir: le son paraissait souvent neutre, effacé en partie, sauf dans les moments particulièrement intenses. Peut-être s’agit-il d’un défaut de l’acoustique à cet endroit spécifique de la salle – pourtant près de la scène?
Quoi qu’il en soit, l’Orchestre symphonique de Montréal a livré hier une solide performance, démarrant en lion la saison 2010. Quant au jeune Jan Lisiecki, il est définitivement à surveiller!